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Zeid MED

Soir funeste.



Le ciel , ce soir , se voulait de charbon.
Un vent malsain rugissait dans les rues.
Un sable fin s'envolait vers les nues
La peur pressait les cœursà l'abandon !

La nuit tomba , soudain , avant son heure.
Dans leurs abris, les gens étaient cloués.
Mêmes les chiens, tremblant , étaient muets.
Les cailloux blancs fondaient comme du beurre!

Le sol brûlant devint vite boueux.
Les murs perdaient leurs vieilles écailles.
Les toits souffraient de toutes leurs ferrailles.
La mort rôdait , dans son habit hideux!

Un grand fracas vint découdre les bouches.
Cris de terreur !Le feu avait frappé...
Mais quel taudis le sol a-t-il happé ?
Ce fut celui des vieux frères Patouches.

Deux miséreux ,ayant vécu à l'écart ,
Nourris de maux , mêlant pleurs et prières,
Loin des heureux, détestant leurs lumières,
Ayant toujours aimé la vie sans fard .

Dans les cendres , on planta deux arbustes:
Thor eut un pin , son jumeau un sapin ,
Dans un seul trou ,sous les yeux du matin
Pleurant encor leurs maigres corps vétustes.

En grandissant , ils se sont embrassés.
Un habile peintre aux pinceaux magiques
En fit danser , sous les lueurs pudiques
De ses couleurs, les rameaux enlacés .

Ce beau geste fut bien l'unique hommage ;
Puis , rien , l'oubli jusqu'au jour où le chant
D'un serin vert dit au rimeur s'endormant
Le récit lugubre de cet ombrage .

Le chant ,traduit en vers ,sera-t-il pris
Un soir d'hiver par quelque pianiste
Le front plissé, pour faire de ce triste
Sort des morceaux de clémence pétris ?