Chemine, Belle Séminole
Chemine, Belle Séminole,
Femme des sentiers, femme d’ailleurs,
Que l’errance nulle part ne fera étrangère,
Glaneuse des roulements de tambours guerriers,
Dont l’écho au-delà des vagues sait réveiller des frères,
Femme, dont les filles ne revinrent pas vivantes
Des champs de bataille où elles avaient tété,
Femme des marais, femme du jour qui pointe
Au-delà du rivage, femme de solitude
Dont la raison détone, femme couveuse de mémoires,
Femme au ventre fécond de lointains lendemains,
Femme aux bras calcinés,
Femme au sein nourricier du lait de la mémoire,
Où pénètre la blessure des croissants argentés,
Plaie offerte au désespoir guerrier,
Vaincu par tant de lassitude,
D’indifférence traîtresse et de silences obscurs,
Vaincu par ton absence,
Femme mémoire d’un peuple décimé,
Dans les marais prochains de son bannissement,
Chemine, Belle Séminole,
Chemine au-delà des siècles tapis dans les parois
De ton corps au galop,
Epuise tes montures au soleil levant,
Murmure vite les mots qu’attendent dans l’exil,
Exilés hors d’une ville dont tu ignores le nom,
Exilés en leur terre sous des murs accablés,
Exilés hors du jour,
Femme Séminole à la lance fragile
Que retient la poussière, à la lance leste
Que dévorent les vents, femme céleste
Qui chemine en souffrance,
Chemine, Belle Séminole!
