Après une nuit où nous nous sommes aimés, Comme une fleur qui s'ouvre, avec allure Elle caresse du regard mes yeux enflammés Qui remplissent de lumière sa chevelure
Dans les feux légers du jour, elle s'éveille, Le blond et le pourpre en un savant mélange De chatoiements rosés s'unissent à merveille Et, en un torrent aurifère elle se change
Ou plutôt, en un fleuve dont les flots rapides Et les méandres d'or dérobent à l'œil ébloui, Ses éclats - si j'en crois les étoiles timides Qui bariolent le rêve dont je n'ai pas joui !
Moi qui me flattais d'être dûment aimé, Ce démon de chair - sous les traits d'un ange Distille goutte à goutte son poison parfumé Et, en un fauve indomptable elle me change !
Elle enchaîne à son âme adultère mon corps, Pour que dans cent ans, lâché par l'Amour : L'écho du rêve - en de vertigineux accords, Jusqu'aux rives du Léthé, parvienne un jour
Mais, on sonne le glas au Paradis terrestre ! Je crois reconnaître, au velours de sa voix : Le rire effronté du céleste Enfer, peut-être, Où mon âme chante et pleure à la fois.