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Vincent HOCDE

Les Yeux

Je reviens d'un monde incandescent,
Où les candélabres qui se dressent,
Dans leur flamme font monter l'encens
Et tomber les cendres qui se pressent.

Même en fermant les yeux, je peux voir
Sous la peau de ma chaude paupière,
Les Soleils d'argents. Les Soleils noirs
Seront allumés dans la prière.

Les mains jointes, tous les Dieux à genoux
Murmurent des secrets, des paroles.
Ils me disent : - Viens, joins-toi à nous,
Silencieusement, sur le sol.

Je reste assis, sans aucun bruit ; Très
Discret ; La voûte au-dessus m'envoûte
Et j'aimerais l'aimer de plus près,
L'encens l'atteint avec les Absoutes.

Et, tandis que la couvée d'étoiles
Éclosent impatiemment leur coussin,
Un Pan d'univers se dévoile
Soulevant la Plume du Dessin.

J'en avais rêvé, et je l'ai vu !
Tes Yeux ma chérie! En Bleu primaire,
Deux vasques bleues fixées dans la nue,
La Jouvence où boivent tous mes Vers.

Je te regardais ainsi, longtemps,
Mariée aux voûtes qui m'appellent,
Que j'aille à toi à travers les Temps !
Que tu marches à moi dans la Chapelle !

Nous verserons encore mille ans
Les extases aux creux de nos oreilles,
L'or dispersé dans la mer mêlant
L'eau endiamantée de Soleils.

Ton sel fin picotera le ciel,
Grand Œil noir serti d'un iris bleu,
Et tes longs cils ouvriront leurs ailes,
Quand j'irai me coucher au milieu.

Je reviendrai si les Jours s'en vont,
Rallumer ta flamme pour les Hommes.
En attendant ma chérie, rêvons !
Ferme tes Yeux bleus, dors, fais un somme.

Je reviens d'un monde incandescent
Où les candélabres qui s'éteignent
Dans leur fumée font monter l'encens
Et tomber les cendres de son règne.