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Véronique BACCI

Etiolement

Jamais plus le sang ne circulera en ces veines,
Il s’est figé dans sa course folle, et décoloré,
Bleu, bleu d’asphyxie, pollution exagérée,
Etat latent d’une mort prochaine.

Les membres ne répondent que par des sursauts,
Lourds, pris dans le ciment d’une tristesse,
S’étale un corps sur une couche, on lui offre une messe,
A lui qui va mourir, à cette chair, à ces maux.

Moi je ne suis qu’une enceinte fissurée,
Une muraille qui se creuse de l’intérieur,
Victime de l’érosion, par ma peine et ma peur,
Un autre château en ruine, bientôt hanté.

Plus rien ne répond, mon cerveau suffoque,
Les nerfs ne renvoient plus de douleur,
Sauf l’âme désespérée qui toujours demeure,
Pleine d’un néant, sans lieu, ni époque.

Je souffre mille tortures abominables,
L’esprit déchiqueté par des lames rouillées,
Le regard aveugle, perdu et voilé,
J’endure, je lutte contre ce mal qui m’accable.

Mon enveloppe subit une pression du temps,
Mon cœur s’est lové prés d’un estomac plein,
Et lentement, il le mange, l’aval et devient,
L’essence même des entrailles, surpuissant.

Je n’ai plus de cœur, plus de passion,
Juste un guide imprimé dans le bas ventre,
Grand Livre de l’inspiration que j’éventre,
Pauvre exutoire frappé de trop d’émotions…