J’ai souvent la tête en l’air Ce sont les adultes qui le disent De leur part, ça n’est probablement pas un compliment Comment je le sais ? À cause des grimaces qu’ils font Visiblement, ça les dérange Moi, je trouve ça plutôt bien C’est ma manière à moi de voyager Je ne comprends pas pourquoi ça les gêne Ne disent-ils pas « les voyages forment la jeunesse » ? Faudrait savoir… Ce dont je suis sûr-e, c’est que j’ai envie d’aller voir ailleurs Envie d’aller partout et loin, encore plus loin Aussi bien dans les déserts que sous la terre, dans la jungle ou sur les plus hautes montagnes Et c’est justement parce que ça ne plaît pas aux Grands que je le fais très souvent, le plus souvent possible Mon nez frémit comme les voiles d’un navire par temps de petite brise Mon cou se tend Mes oreilles bougent Peut-être pas autant que celles des éléphants d’Afrique parce qu’elles ne sont pas aussi grandes que les leurs Mais elles bougent bien Elles font du vent et ça me rafraîchit les idées Si je m’entraîne bien, un jour, peut-être, je volerai, je dépasserai les arbres et les rochers et j’arriverai sur Mars, sans avoir besoin d’une fusée Je me demande d’ailleurs si c’est une planète habitée J’ai bien entendu parler des petits bonshommes verts S’ils existent, j’aimerais tant les rencontrer Le jour où ça arrivera On se comprendra, j’en suis sûr-e On inventera un nouveau langage, avec nos mains qui dessineront des signes invisibles dans le silence Mais ce n’est pas encore pour demain Il va falloir être patient-e Et attendre En regardant le ciel même quand il n’est pas franchement bleu Avant et après la pluie Et quand il ressemble à une mosaïque avec une multitude de couleurs