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Thomas FALLET

Sur tant d'adieux navrants, que mon sépulcre empeste...

Sur tant d'adieux navrants, que mon sépulcre empeste
L'abomination et l'importune peste,
Se voulant ressasser par de cuisants remords,
Dans le bréviaire noir de l'Archange des morts.
Glissant entre les bras d'une molle incurie,
Des imposteurs mitrés je brave la furie,
Et me détourne alors, sombre et majestueux,
De ma caduque enfance aux hochets fastueux.
Les Princes guerroyant, les mers au flot sonore,
Accusent la lenteur de leur tardive aurore,
L'humanité s'égare et les sanglants verrous
De son jaloux orgueil attisent le courroux.
Mais dans la plaine morne une infrangible règle,
Sourd d'un glas de beffroi, tonne et fond comme un aigle,
Et s'en vient tant meurtrir ma confuse rancoeur,
Que l'effroi de la mort respire dans mon coeur !
Serait-ce l'ombre affreuse et les appareillages
Des gouffres constellés où roulent mes sillages,
Ou bien l'orfraie avide au conseil malfaisant,
Lançant l'hymne infernal du monde médisant ?
Non ! rien que la sentence ourlant à vau-de-route,
Mille pensers confus vers la céleste voûte,
Et rendant à ses morts lâchement égorgés,
Sous un triste climat les mânes outragés.
Et, bien que se jouant de sa dent furieuse,
Mon âme ainsi se perd, tremblante et curieuse,
Dans la fatale plaine où d'immenses terreurs,
Étalent sur mon front tout leur amas d'horreurs.
Et je peux lire alors, autour d'un sombre rite,
La règle humiliante et nulle part écrite,
Tandis que le trépas, sur mon sépulcre impur,
Fait descendre à son tour le crépuscule obscur :
La règle dit : " Mortel, arme ton coeur austère,
Sous les coups du destin que nulle ombre n'altère,
Ô cadavre sanglant, tes cris sont superflus,
Et ceux qui t'ont aimé ne te reverront plus.
Tes désirs suborneurs et tes accoutumances,
Dans l'égout collecteur de leurs sombres démences,
Rêvent à des puits d'ombre et des parfums affreux,
Que cerne le néant sur un fonds ténébreux.
L'abjection publique au sanglant anathème,
Est bien plus redoutable et par son bonheur même,
Sans compter que l'autan, réveil du Dieu vengeur,
Sème au lointain du ciel un poison voyageur.
Des aveugles fléaux bénis dans les familles,
L'homicide tison a défloré tes filles,
Et des perfides coeurs leurs secours assassins,
Ressaisissant leur proie ont servi les desseins.
Mais vous irez déchoir sous les fureurs sinistres,
Grondez, noirs ouragans, et vous, lâches ministres,
Grondez, sombre tempête et doublez leurs efforts,
De la débile vie usez tous les ressorts,
Car l'existence même est un souffle qui passe,
Un jeu déjà perdu, quoi que le joueur fasse " !