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Thierry DESCHAMPS

Le chien qui regardait la mer

Legzira, le jour décline, je marche sur la plage.
Mes pieds nus foulent le sable mouillé
L’imprimant d’une trace rapidement balayée par les vagues
Qui viennent y mourir tranquillement.
Remontant lentement du bout de mes orteils,
Les frissons parcourent tout mon être.
Tel un fantôme, un vent léger m’enveloppe de ses bras humide

Alors je fais le vide,
Ni pourquoi, ni peut-être.
Mon ignorance en éveil,
Abandonne les vains cheminements,
La connaissance n’est qu’une blague,
Fatras de croyances usinées
Par des êtres qui se croient sages.

A cent pas du rivage, balayé par les flots, se dresse le réc
Alors que l’astre tombe au dessus des rochers,
Les lames qui s’y brisent en geyser d’écume blanche
Prennent un reflet doré sous le soleil couchant.
Là bas au bord de l’onde il lui déclare sa flamme.
L’horizon qui s’embrase emporte mon regard
Et la nuit me recouvre d’un manteau de silence

Je me sens si chétif
Dans cette immensité.
Ma raison se retranche,
Me laissant face aux éléments.
Que peuvent apporter à mon âme
Ces vérités pleines de bobards
Qui cachent bien mal nos ignorances.

Sur la plage de Legzira
J’entraperçois l’infini
Grand,
Petit,

Et le chien
Qui regardait la mer