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Sylvain BERNON

Un complexe de taille !

Il était plus petit que tous les plus petits,
Chaque jour condamné à rester isolé ;
Aucune femme ne voulait se coucher près de lui
Sans risquer de devoir un peu trop s'ennuyer.

Et si dans un hasard de passion romantique
L'une d'entre elle parvenait à grimper sur le toit,
Ses cris lui racontaient la naïve musique : 
« Que fais-tu mon amour, pourquoi n'entres-tu pas ? »

C'est alors que souvent le visage retourné,
Il répondait honteux de sa bouche ridicule :
« Désolé mon amour mais je suis bien entré,
Pardonne-moi je t'en prie d'être si minuscule. »

Pourtant, lui disait-on, la taille ne compte pas
Si tu es travailleur et fidèle serviteur...
Pourtant chaque rencontre se terminait comme ça :
Manquant de centimètres, s'en allant voir ailleurs.

Ou si pire elle restait, par amour par devoir,
Acceptant les promesses de son cruel drame,
Elle regardait son corps à travers le miroir
Et pleurait le malheur de n'être plus une femme.

Bien souvent dévoué, il était disposé
A se faire remplacer par un plus grand monsieur,
Une sculpture de plastique capable de plonger
Au bout de cette partie qui ne se joue qu'à deux.

Alors il compensait, apprenait d'autres arts ;
Certains disent qu'il parlait dans la langue des oiseaux
Mais les chants fallacieux de ces joyeux bavards
Finissaient eux aussi par le prendre de haut.

Si petit à petit son égo ressemblait
Au format négligeable de sa courte ceinture,
Il éduquait ses yeux à l'autre réalité ;
Celle qui se délecte d'être contre nature.

Il était une machine à tuer le sourire
De toutes les beautés devenues des fantômes,
Et pleurait à son tour, refusant de mentir
A la triste évidence de ne pas être un homme.