Refuge de mon corps blotti contre ta peau Encore vierge de sueur dans l'attente de mes mots, Voici, ma douce amie, le poème confidence Que tu espères depuis notre dernière danse.
Celle-là même où ma tête a cogné l'immortel, Au-dessous de ces marches, pauvre front infidèle Qui se croyait déjà à l'abri de la fin, Pauvre fou animal qui se croyait serein.
Comme un vers de trop, un plaisir solitaire, Acceptant la violence de n'être que poussière, Je reviens vers tes lignes, peut-être un peu moins rondes Pour offrir mon regard fasciné sur le monde.
Dans la fumée tango de mes doigts révoltés, Encore de quoi écrire quelques notes de beauté A la gueule écorchée de cette peine qui ronge : J'avale tout et je crache comme le font les éponges.
Et tant pis pour ces gens qui n'apprécient pas que L'on suive par moment une autre route qu'eux ; Mes promesses sont pour toi et non pour les lecteurs Qui ne savent plus vraiment se servir de leur cœur.
Pour toi, qui m'as sauvé maintes fois du fauteuil, Qui m'as dit une fois : « On ne pleure que d'un œil, Celui qui reste amour, celui qui ne ment pas, Heureusement pour nous, il nous reste celui-là. »
Mais déjà j'aperçois venir le point final, Dans la courbe ambulante d'une rime qui fait mal ; Sans toi, ma douce amie, je ne suis qu'un homme sage Qui ne sait pas écrire sans salir ton feuillage.
Alors je vais danser encore à tes côtés, Encore quelques secondes, au moins quelques années, Pour tromper le bon sens sur un fil de satin, Et rester en enfance, de l'encre plein les mains.
