Muette vérité
Atterri dans un silence,
Le genou sale, tourmenté d’impatience,
Il souleva ses yeux, enflammés d’ignorance,
Vers cet homme de foi :
« Ô mon Père, pardonnez-moi,
J’ai pêché tant de larmes, le dos nu sous la croix
Et perdu ma morale loin de ce champ,
Apprivoisé par nos savants. »
Le cœur ouvert, le bien pensant
Regarda la tristesse
De cet homme en détresse.,
Et de toute sa noblesse
Lui sermonna :
« Je t’en prie, mon garçon, rassure-toi.
Tu n’es pas seul, Dieu est ici, juste là :
Derrière chaque faiblesse, devant tes réussites
Il demeure immobile telle une mer qui s’agite ! »
Toujours persécuté par son moi en faillite,
L’homme sans nom
Lui posa sans détour la plus sourde des questions :
« Pardon mon Père, encore pardon,
Mais comment avancer si l’on ne veut plus de Dieu ? »
Le visage honteux,
Le regard aussi lourd que le pire des aveux,
L’homme de foi expliqua :
« Mon garçon, Dieu est là,
Que tu le veuilles ou non, il est l’esprit de tous nos choix
Agacé par cette esquive,
L’homme ouvrit sa pensée, déversant la salive
De son âme en dérive :
« Je crois en votre Seigneur, mais je lui prie de me lâcher!
Pourquoi rester emprisonné
Lorsqu’on recherche la vérité ? »
Alors le bien pensant
Oublia aussitôt la voix trop muette de son désintéressement:
« La vérité dis-tu ? Je vis pour elle, aveuglément… »
