Mon être humain
Qu'il soit fou rire dans les pleurs,
qu'il soit de toutes les couleurs,
qu'il soit tendresse au poing levé,
qu'il soit l'ami de l'étranger.
Qu'il ait les rêves d'un autre temps
qui se raccrochent à ses enfants,
qu'il s'abandonne ou bien qu'il lutte,
qu'il soit caresse sous l’uppercut.
Qu'il se promène juste comme ça,
qu'il se demande un peu pourquoi,
qu'il ait le cœur au bout des yeux
et le regard de l'amoureux.
Qu'il ait les joues rouges timides,
ou bavardage dans le vide,
qu'il vote blanc, qu'il vote noir,
qu'il reste aussi près du comptoir.
Oh moi je t'aime... Mon être humain.
Qu'il soit sans-emploi travailleur,
qu'il se couche à n'importe quelle heure,
qu'il soit du même sexe que moi
ou de celui que je n'ai pas.
Qu'il soit promesse devenir,
pour le meilleur et pour le pire
ou qu'il soit tout seul dans un coin,
qu'il se souvienne des lendemains.
Qu'il ait la victoire naïve,
qu'il soit perdu à la dérive,
qu'il ait toujours si peur du noir,
qu'il soit partisan des espoirs.
Qu'il soit sans papier, sans crayon
ou qu'il dessine l'horizon,
qu'il revendique ni Dieu ni maître,
moi j'ai envie de le connaître.
Oh moi je t'aime... Mon être humain.
Qu'il ait la peau à compte à rebours,
qu'il ait vingt ans, vingt ans toujours,
qu'il soit de ceux qui ne meurent pas,
qu'il soit Jacques Brel ou Barbara.
Qu'il soit arrivé jusque ici,
qu'il soit bourré à l'eau de vie,
qu'il soit militant de l'erreur,
qu'il ait le goût de la sueur.
Qu'il soit discret, tu l'as pas vu,
qu'il se balade toujours tout nu,
qu'il mâche la vie à pleines dents,
qu'il ait le désir impatient.
Qu'il manque d'eau, qu'il manque d'air,
qu'il soit les fleurs de nos cimetières,
qu'il ait sa gueule dans nos photos,
qu'il soit parti beaucoup trop tôt.
Oh moi je t'aime... Mon être humain.
Qu'il soit tristesse du poète,
de la Beauté qui ne s'achète,
qu'il soit de ces vendredis noirs,
qu'il soit Pierrot et sa guitare.
Qu'il ait la tendresse insolente,
qu'il soit violence toujours payante,
qu'il ait du mal à dire merci,
ça se comprend... Merci à lui !
Qu'il croit encore à l’Éternel,
qu'il soit cigale ou l'hirondelle,
qu'il s’entremêle autour d'un fil,
qu'il soit la force des fragiles.
Qu'il soit complice de l'essentiel,
arme en plastique du criminel,
qu'il n'arrive plus à dire je t'aime,
quand tout son être aime quand même.
