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Sylvain BERNON

L'ouvrier de l'école

Dans la brume du silence, un geste une parole,
Un morceau d’empathie qui ne peut pas parler,
Qui est là pour sauver l’ouvrier de l’école
Grignoté sans relâche par ce si beau métier ?
Dont le souhait, au départ, marqué par un symbole :
« Egalité des chances », il ne sait que penser
Quand un gosse lui demande chaque jour une colle
Pour coller son prénom au bas d’une société
Qui se fout royalement de faire naître sur le sol
Des robots silencieux programmés pour échouer.
Il ne sait que penser, si demain il s’envole
Vers le fond du profond de sa fidélité
Ou si, bien que dévoué, il a bien les épaules
Pour combattre le chemin de la fatalité.
En effet… Qu’il est loin ce sourire qui rigole
Sur les traces de sa vie qui n’a plus de privée ;
Magicien de paillettes, il endosse tous les rôles
Oubliant peu à peu de savoir qui il est,
Au milieu des jugements qui trouvent ça presque drôle
Qu’un humain ait le droit de se mettre à pleurer
Plutôt que de jouer à je ne sais quel idole
Dépourvu de faiblesses et de fragilité.
Ainsi donc quand il rentre, certains soirs, il picole
Alors qu’il ferait mieux de courir se coucher,
Hélas, même dans ses rêves, l’ouvrier de l’école
Continue d’exercer le plus beau des métiers.