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Sylvain BERNON

L’innocente vérité

Qu’il y soit enfermé pour cajoler sa peine
Ou pour se déguiser, s’écarter de la foule,
Il n’en demeure pas moins prisonnier de ses chaînes
Bricolées pour ne pas s’engouffrer dans le moule.

Et pourtant le voilà, ô drapeau libertaire
Accroché lourdement au poignet de ses pieds,
Errant de mot en maux, ou bien de vers en verre,
Il avale puis crayonne ce qu’il vient d’avaler.

C’est ainsi qu’il recrache tous les miroirs sereins
Qui rappellent à sa peau l’innocente vérité :
On n’arrive avec rien ; puis l’on n’emporte rien.
Entre temps que faire d’autre ? Aimer, aimer, aimer…

Alors on le regarde, comme une bête étrange ;
On a peur, on fustige sa vive mélancolie.
Plus encore, on le hait quand on trouve qu’il dérange,
Pauvres « on » sachez bien, qu’il vous plaint lui aussi.

En un mot, comme il dit : exil, de toutes ses forces,
Continue d’espérer avoir sa place ici
Auprès du grand réel, loin des cœurs qui divorcent…
Y a-t-il encore quelqu’un qui ait confiance en lui ?

Peu importe quelqu’un, c’est ainsi qu’il regarde
Et qu’il traîne son drapeau au-dessous des gens bien,
Prisonnier de son moule, de sa montre qui retarde,
Il tombera à l’heure et ne laissera rien.

Tout juste un peu de pluie aux yeux de ses amours
Qui, persuadés du sûr, se décomposeront
Face aux miroirs sereins, cracheront à leur tour
L’innocente vérité : qui donc avait raison ?

Certainement pas lui car toujours il dérange,
Pauvres « on » satisfaits, certainement pas vous.
Alors c’était écrit : tout s’agite, rien ne change…
Entre temps que faire d’autre ? Après tout, on s’en fout.