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Sylvain BERNON

Le cycle infernal

Je retourne dans le bar qui a vendu ma plume contre un bout de papier,
ce soir il est trop tard pour inviter ma peau à aller se coucher,
alors je reste seul à compter les minutes qui me séparent de toi,
peut-être que ma gueule se rappelle de la chute, amnésie de tes bras.

Et je tangue dans le rouge d'une lèvre sourdine qui me demande si
je me glisse quand elle bouge son ombre sous les draps de n'importe quel lit.
Je lui crie que j'ai peur, elle éclate de rire et m'oblige à danser,
je lui dis qu'il est l'heure d'arrêter de sourire pour se mettre à pleurer.

Cinq heure vingt du matin, on me dit gentiment que je dois m'en aller,
je réponds "dernier verre" et commande une chanson que j'écoute à moitié.
Et la nuit me caresse de son froid titubant impossible à couvrir,
je m'avance, recule implorant les passants de ne pas me guérir.

Une lumière s'arrête juste en face de moi quand je lève le doigt,
connaissez-vous encore à cette heure un endroit, un endroit où l'on boit ?
Il me reste à trouver ce putain de refrain que je connais déjà,
emmenez-moi là-bas tout au bout du chemin duquel on revient pas.

Me voilà bien en place entouré des artistes qui recrachent la joie,
ma bagnole aboyant par moment qu'être triste n'est pas si grave que ça.
Où sont passés les autres, les amis répondeurs ? Laissez moi un message,
que je puisse vomir à l'encre de mon cœur une toute dernière page,

avant de disparaître dans les bras du soleil qui fait naître le jour,
juste avant de rejoindre celle pour qui le sommeil est une preuve d'amour.
Je renverse mon verre, c'est bon j'ai eu ma dose, je suis prêt à rentrer,
je sais que tu dors pas, lentement je me pose pour ne pas te réveiller.

Lendemain qui m'attend aux poumons de l'angoisse, j'ai peur de respirer,
les progrès qui toujours me conduisent dans l'impasse d'une envie de gifler
le gamin insolent incapable de voir ce qu'il a de plus cher,
de quel droit serait-il au mérite du hasard plus heureux que ses frères?