Là-bas
Un secret de bêtise, arrière-goût paresseux
Sur une langue fragile, peut-être celle de nos vieux ;
Racontez nous l’histoire, ô si beaux ennemis,
Du comment il faut croire quand on est plus d’ici,
Du comment inventer, racontez-nous ce pont
Agitant avec grâce les airs de nos poumons
Qui s’arrêtent, bien dressés, au milieu du milieu
En semant malgré nous la glace sur le feu.
Entendez donc nos cris perdus dans ces journées
Qui ressemblent à ces murs que l’on a décorés
De trop de maquillage, du fond de notre orgueil,
Aujourd’hui, entendez, on ne pleure que d’un œil,
Celui qui reste amour, celui qui ne ment pas,
Heureusement pour nous, il nous reste celui-là
Pour danser sur la table et manger de la vie,
Eradiquer le temps à coups de poésie.
Cimentez-nous les pieds ô mes frères sans maître !
Que l’on puisse un instant s’interdire de paraître,
Et vider, puis vider, jusqu’à ne plus penser,
Notre tête désolante de tant d’absurdités,
Toujours fière de savoir, ignorante et naïve,
S’il vous plaît, cimentez l’allégresse passive !
Dans nos cœurs, sur nos corps, un filet de raison,
Cette raison d’avoir tort a-t-elle encore un nom ?
La passion, la folie, l’ivresse de chaque envie
Ont-elles encore leur place quand on est bien d’ici ?
Alors je vous en prie, au moins pour cette fois :
Pouvez-vous nous montrer comment on fait là-bas.
