Demain
Il y aura des cages qui gratteront le ciel,
des oiseaux prisonniers qui débattront de l'aile,
un président qui pue ; de la bouche du métro,
en sortira pressée une meute de robot.
Il y aura des dieux pour les faire rêver,
un couple d'amoureux par moment égaré,
des cartes à l'arrière goût du sacré cœur de pierre,
et des chiffres et des lettres sur des comptes bancaires.
Il y aura des toiles, des millions scotchés,
ne verront les étoiles qu'à travers leur PC,
dans les films pour adultes, une vision de l'amour
qui trempée dans mes yeux gémira : « Au secours! »
Il y aura du libre au crochet des misères,
pour voler dans les airs, faudra voler son frère !
Des humains sans abris, on dira : « Quel dommage
qu'ils préfèrent le vin rouge au sandwich au fromage. »
Il y aura du sang sur les mains des puissants
qui, au nom de la paix, n'auront guère de tourments
à piétiner les femmes et les enfants d'abord,
bombarder quand le noir a la couleur de l'or.
Il y aura des permis pour se trouer la peau
et des boucs émissaires faisant peur au troupeau
de moutons tatoués à l'encre TF1 :
tortionnaire masqué de tous les bouquetins.
Il y aura des stars pour divertir la viande,
tous esclaves devant cette offre qui demande,
des artistes oubliés s'écorcheront les doigts
pour tenter de comprendre pourquoi lui et pas moi.
Il y aura des victimes au sous sol des bourreaux,
pour grimper d'un étage, on jouera au loto ;
un seul ticket gagnant : un nouveau millionnaire
construira sa fortune sur le dos de ses frères.
Il y aura des regards parsemés d'horizon,
un besoin d'éclairer les mots de ma chanson,
quelques rires suspendus dans les cours de récré
traverseront sans pitié les oreilles bouchées.
Il y aura Poésie, des Iphone au bûcher,
quelques disfonctionnaires impossible à normer,
la jeunesse au couteau ouvrira le chemin
pour mettre de l'amour dans le cœur de l'humain.
Il y aura l'amitié des frangins résistants,
qui répéteront : « Le temps... Le temps... C'est quoi le temps ? »
et toujours en péril, à deux doigts d'y passer,
passeront l'arme à gauche, mes camarades cramés.
Il y aura les timides accomplis pour de bon
qui voleront la parole dans la bouche des cons ;
tout en haut de l'affiche, le visage de la terre,
symbole du message : = Respecte un peu ta mère! =
Il y aura du partage, buffet à volonté,
les richesses seront autres qu'un p'tit bout de papier ;
Roi-pognon servira de mouchoir à tous ceux
qui voudront retirer l'alarme de leurs yeux.
Il y aura du migrant en chacun d'entre nous,
le racisme deviendra un mauvais arrière goût ;
Ordre prioritaire : en premier lieu l'amour !
Puis l'amour et l'amour et encore de l'amour...
Il y aura simplement des hommes et puis des femmes,
ni Enfer, ni Dieu, ni Paradis de l'âme ;
on soignera les malades, remerciera nos vieux
de nous avoir laisser un monde si merveilleux.
En attendant le jour où l'humain renaîtra
à la place de l'argent dans le cœur de nos lois,
je rêve que ces mots entendent l'hirondelle :
« Dire qu'il y avait des cages qui grattaient notre ciel... ! »
