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Sylvain BERNON

De tout, de rien.

Un matin sûr parmi les choses,
Celles qu'on peut presque imaginer.
Le soir venu, elle crie elle cause
De tout de rien, de ses pensées,
Qu'elle cache au fond de sa pudeur
Comme si certains toujours voulaient
La démasquer ou lui faire peur,
Comme si sa vie en dépendait.

Elle parle des ombres derrière son dos,
De leur message inhabité,
Elle parle encore, elle parle trop
De tout de rien, de ses projets,
Qu'elle coiffe aux pieds de ce matin ;
Elle se rassure car sa moitié
Habite « rue de l'incertain »
Juste à côté de l'étranger,
Qui l'a faite fuir, elle y repense :
Une douce nuit abandonnée,
Une douce erreur, un coup de chance
Venu frapper sa destinée.

Elle y repense jusqu'au matin
Où cette larme l'a invitée
A se passer de tout de rien
A devenir ce qu'elle était ;
Une sorte d'arbre sans racine,
Un violoncelle désaccordé…
Qu'importe, au fond, qu'elle me fascine,
Elle a ce don désordonné.

Quand sa voix tombe dans mes oreilles
Quand elle coule, déshydratée,
Depuis sa langue à la bouteille,
Juste une seconde pour replonger
Au-dessus d'eux, ces imbéciles
Qui accusent même le monde entier
De tout de rien, qu'il est facile
De découvrir l'autre moitié
Depuis que l'autre se questionne
A son propos, pour proposer
La porte ouverte qu'elle affectionne,
Inconcevable de se tromper.

Car si la poule précède l'oeuf
Sur le trottoir de ses idées,
Son jugement n'a rien de neuf
Lorsqu'il se change en vérité.

C'est donc ainsi que le langage
Devient une sorte de progrès
Dans l'embouchure de ces sages
Qui n'ont que faire de progresser.
Et si la route s'arrête là,
A la bordure de la beauté,
Elle, parfois même, s'arrêtera
Pour contempler, pour contempler…
Mais si l'actrice reprend les rênes
Comme le voudrait sa destinée,
Elle mélangera sa joie, sa peine,