Chacun sa vie
Dans la cour l’école, mes collègues s’agitent
Sans aucune seconde pour pouvoir atterrir.
Et puis mes doux agneaux oubliant bien trop vite
La journée d’un absent qui refuse de partir.
Dans les yeux du village où passe cette rivière,
Mes parents se demandent comment va leur enfant :
« Sourit-il, respire-t-il ? », interroge mon père.
« Il va bien, rappelle-toi ! », le rassure ma maman.
Dans un monde innocent épargné par les cris,
J’imagine mon petit ange assis là, sur sa chaise.
La maîtresse racontant l’aventure d’une souris
Amoureuse d’un amour méconnu de Saez.
Sur son petit balcon, collée à la fenêtre,
J’écoute le sourire d’une jolie princesse.
C’est ma fille, mon trésor, mon besoin de promettre
Que la vie vaut le coup, qu’elle est pleine de caresses.
Pas très loin, dans sa classe, mon amour se déchaîne,
Elle a ce beau courage que je n’aurai jamais,
Elle accepte ce bonheur qui fait mentir la peine,
Et me laisse, heureusement, pleurer seul sur le quai.
Quelque part ou ailleurs, à deux pas du soleil,
Se promène la lumière d’une ombre trop vite partie,
J’étais pas là pour elle, pour vomir les conseils
D’un gros lâche, soit disant, qu’on appelle un ami.
Alors voilà ça y est, je crois avoir compris,
Malgré tout le bien-être qui ruisselle sur ma peau,
Je pense pouvoir dire que chacun, à sa vie,
Est lié comme l’amour est fixé à l’ego.
