Amitié voleuse
On se voit, un matin, sur banc fatigué,
On échange deux trois mots, quatre ou cinq certitudes,
On discute météo, faits divers, société,
On bouscule volontiers nos fidèles habitudes.
On se croise par hasard dans la rue du destin,
On arrose la naissance d’une belle amitié,
On s’invite quelques soirs comme le font les copains,
On échange une larme entre deux vers brisés.
On exhibe nos souffrances, nos moments de bonheur,
On confie les silences qui parfument le passé,
On déguise nos erreurs par instinct de pudeur,
On finit par se rendre, par trop s’abandonner.
On chiale comme un gamin les comment du pourquoi,
On caresse des lèvres un moment éphémère,
On demande si la vie, un jour, nous dénouera,
On refuse d’accepter l’avenir sans son frère.
Alors on fait confiance, on hésite, on repart,
On se donne à moitié, un peu plus, un peu moins,
On recule, on protège notre armure de fuyard,
On s’éloigne doucement de cette histoire sans fin.
Et puis, dans un dimanche, le téléphone qui sonne,
Une voix sans sourire s’écroulant sur ma porte,
La noirceur d’une phrase composer pour personne :
« Magalie s’est tuée, c’est fini, elle est morte »
