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Sylvain BERNON

A mes sœurs d'écriture

A vous mes sœurs d'écriture, compagnes de route invitées,
qui gommez toutes mes ratures chaque fois sans me corriger,
peut-être est-ce le bon moment pour dévoiler ce que je sais :
toutes les femmes ont dans le sang de quoi faire rougir le papier.

Si parfois vos yeux sont à l'ombre, démaquillée sous les paupières,
certainement pour mieux faire fondre les cœurs glacés par les hivers,
mon cœur à moi est à vos souhaits, comme peut l'être un militaire,
n'obéissant que pour tremper de mots d'amour ces quelques vers.

Dans la chevelure du beau temps à la cicatrice envolée,
ce vent qui souffle, encore ce vent qui souffle pour les décoiffer,
permettez moi d'en rajouter : aurait-il tort de s'en priver ?
Rien n'est plus beau qu'un temps passé à voir vos larmes s'écouler.

Et même alors que tout se casse et se fracasse en votre empire,
toujours derrière la grimace, toujours la force des sourires,
vient consoler l'inconcevable comme un baiser qui a vu pire,
langue victime ou bien coupable ; quand elles m'embrassent, je respire.

Tandis qu'autour de leurs poignets, vieux souvenir d'un rendez vous,
se cache en marge du passé de quoi déchirer mes genoux
vers celles qui sautent jusqu'à pendre cette musique autour du cou
pour balayer toutes les cendres qui farandolent sur leurs joues.

Lorsque le corps ne répond plus, quand leurs épaules manquent d'air
à force d'avoir trop vécu, que reste-t-il de la chair ?
Des vagues sur un ventre chaud à l'origine de la terre,
le tout pincé en un seul mot : que serions-nous sans notre mère ?

Poussière devant leur éternel, petit rappel à l'autre camp :
toutes à mes yeux vous êtes belles, plus belles encore qu'un compliment
balancé là, dans un poème écrit au vernis rougissant,
mais murmurer que je vous aime ne suffit pas, évidemment.