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Stephane GROS

S'abattre

Parfois, je me laisse couler,
Comme tout le monde au moins une fois,
Dans son bain ou dans sa vie,
Prendre la tasse et crever un peu,
Comme si c’était un jeu.


Je visite les morts et anticipe la mienne,
Un cancer dans le cœur,
Et j’entame un texte sans odeur,
Ou alors, puant de médiocrité,
Les mots ne sont jamais assez.


Dixième cigarette pour enfumer les nerfs,
Toujours essoufflés, continuent de râler,
Autre moyen, quatrième verre,
Tu parles d’une bavure :
Les degrés d’alcool les rendent plus bavards.


Nourrir sa peine et se plaindre qu’elle soit grosse.
Boulimie de colère au dîner,
J’irai la vomir dans des oreilles attentives,
Histoire d’être moins seul à me supporter,
Moi et mes doigts grignotés.


Je pourrais baiser mon imaginaire,
Ejaculer quelques fantasmes bien travaillés,
Peut-être en ressortirais-je serein,
Stratège au masculin,
Se fatiguer pour le plaisir, pour changer.


Mais je préserve mon mauvais poil,
Ne me laisse pas brosser dans le bon sens,
Je veux que l’on m’énerve,
Encore plus que ce que j’ai provoqué :
Voici les brèves nouvelles de mon errance.


Quoiqu’il en soit, personne n’écoute,
Et tout le monde se plaint,
Pour de vrai ou pour de faux, si je suis en déroute,
Ce n’est pas lui qui me rendra mon chemin,
Avec son soutien en suppositoire.


Soirée sans éclaircies,
Mes yeux perchés à un bataillon de nuages crasseux,
Je savoure ma petite souffrance,
La haine d’être soi, la honte d’être seul,
Demain, le jour se lèvera quand même.


Et c’est bien ça qui m’achève !