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Simone PASCAL

...MOI, LA RUMEUR...

1/ J’arpente les pays, les villes, les villages,
Et telle une tornade je provoque les sages,
Médisant sur les Etres, par leurs intermédiaires,
Jouant avec leur cœur, leur âme, leur caractère.

2/ Le jeu va loin parfois, mais je n’ai aucun risque,
Aussi, sur un terrain favorable et propice,
Je sème quelques graines, mensonges ou vérités,
La pousse en est rapide, la récolte assurée.

3/ Et c’est au gré des gens et des lieux de rencontres
Que je colporte au loin les ragots engendrés,
Sournoisement j’attends, ‘’innocente’’ et je compte,
Les coups de cœur nombreux que j’ai multipliés.

4/ Ce jeu devient grisant quand le sujet s’angoisse
Et sent la peur au ventre venir le tenailler,
Ou bien quand il résiste, indifférent, tenace,
Quelle délectation que de le voir craquer.
Moi la rumeur
5/ Je suis une voleuse de votre intimité,
La cousine du Diable et je donne en pâture
A qui veut bien l’entendre, tous vos petits secrets,
Vrais ou faux, là n’est pas l’objet de l’aventure.

6/ Je n’aime pas les gens quand ils sont trop heureux,
Aussi, je m’ingénie à casser leur bonheur
En salissant leur vie, en meurtrissant leur cœur,
En les démolissant, en les rendant douteux.

7/ Jalouse ? Je le suis ! Perfide ? Assurément !
Hypocrite surtout ! Sous mes dehors gentils,
Mes flatteries mielleuses et mes bons compliments,
Vous ne saurez jamais quand vous serez trahis…

8/ Je vais, je viens, bavarde, en route j’en rajoute,
Et mon impunité n’a d’égale à mes yeux
Que le plaisir du mal que je fais à tous ceux
Que je hais volontiers et qui croisent ma route.

9/ J’agis gratuitement, libertine j’exulte
Quand la victime souffre d’abord moralement.
Ma joie est à son comble quand viennent les insultes,
Les scandales, suicides, meurtres et enterrements.

10/ Mon pouvoir est bien grand, et je suis très maligne
Car pour combattre un mal, faut trouver ses racines,
Moi je suis bien tranquille, je me cache, prudente,
Doucement je m’efface quand la boue est glissante.

11/ Moi ! Rumeur éternelle, tortueuse et féline,
Je vous crée des ennuis et je vous porte tort,
Je vous trahis toujours, vous amène la mort,
Bonne pour destructions, je persiste et je signe.

12/ Ayant atteint mon but, croyez-vous que ça calme
Mes ardeurs destructrices ? Non ! Je vais voir ailleurs,
Attise d’autres feux qui provoquent les larmes,
Font se haïr les gens et sèment le malheur.

13/ Oui, c’est moi, LA RUMEUR, curieuse et sans réserve,
Je frappe dans le dos, de plein fouet à la fois,
Pas de pitié, aucune, je piétine, j’achève,
Je suis bien la plus forte et serai toujours là.

14/ Qui donc à travers moi voudra se reconnaître ?
Avouer que ses mots, ses récits ‘’puérils’’
Ont très souvent fait mal, chacun de vous peut-être ?
Serait-ce une façon de me mettre en péril ?...

15/ Qui sait ? Peut-être un jour, lassée par ma laideur
Morale et malfaisante, je prendrai du plaisir
A faire le contraire, je deviendrai meilleure,
Mon fiel deviendra miel, qui sait ? Dans l’avenir…

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