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Serge SAINT-MAXIN

Trois âmes égarées

Sur les murs délavés, griffés de bâtonnets,
Trois âmes égarées, trois regards de gavroche,
Ajoutent leurs écrits, les faits qu’on leur reproche,
Et mesurent leur crime au rang de gros bonnets.

Ces Maîtres de renom auxquels sont ces hommages,
Le code des truands se tait à coté d’eux
Où la folie en règne ose son doigt hideux
Comme un procurateur dans le siècle des mages,

Vers les élus choisis, victimes en répit.
Altiers et sans remord, bravant la marque oisive
Du temps à jamais nu, à l’ombre corrosive,
Nos jeunes assassins se rient de tout dépit.

Le premier, condamné pour meurtre à l’étalage,
Décrit son geste fier sans la moindre affliction.
« La lame pour le sang, par delà la fiction,
J’ai voulu la tenter au cœur de mon village.

Elle n’a pas crié, la dame au dos voûté,
Voyant sa vie tomber sur ses cageots d’agrumes.
J’ai payé mon crédit à nos accords posthumes,
De l’emprunt exotique au goût si velouté »

Le tremblement de main qui dénonce les manques
Trahit la dépendance acide du second,
A ces blancs grains nocifs de tout cartel fécond,
Qui inondent le monde aux profits de leurs banques.

Mais pour quelle souillure au bel adolescent
Qui tue son avenir à l’achat de sa dose
Auprès du fournisseur de morts par overdose.
Ce dealer crisse ici son verbe incandescent.

Respire, ô toi, prison, les tumeurs sociales
Et cache les abcès du progrès des nations.
Sous les prix, les honneurs, au coeur des frustrations,
La gangrène poursuit ses œuvres glaciales.

Le dernier, enfermé pour l’amour violé
D’une enfant de quartier au retour de l’école,
Cite par maints détails son corps qui caracole
Sur la peau éprouvée, derme scariolé.

L’innocence entachée, à jamais, d’une insulte
Au feu de vitriol. C’est ce cri violent
Qu’éructe avec orgueil, dans un souffle insolent,
Le mineur de quinze ans sur la paroi occulte.

Jeunesse à l’abandon, fruits gâtés du verger,
Proie facile envers qui le Malin tend sa charte,
Le loup guette à l’affût le mouton qui s’écarte,
Qui ne t’a pas montré l’étoile du Berger ?

11 mai 2009