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Sébastien SCHERR

Le feu, le feu

18 Juin 1996

A l’Appel,
A Ingrid.

Le feu, le Feu


« Je ne sais si le vent qui souffle sur nos braises
Est propre à rallumer la flamme de nos vingt ans,
Mais je veux croire encore aux foudres calabraises,
Au rideau de pierrailles, à la terre d’antan.
Quand tu me chuchotais des perles et des fraises
Sucrées et poivrées, des mûres de temps en temps...
Aujourd’hui je rougeoie comme la tendre glaise
Qui chauffe dans le four de mon coeur occitan,
Et le Sud et le ciel mauve et tiède me plaisent
Qui murmurent un soleil au présage excitant »,
Voilà ce que tout bas je dirai aux platanes,
Aux tilleuls, aux mélèzes, aux ifs et aux cyprès
Quand, vieux et fatigué, si loin de toi, ma Diane,
Je me rappellerai nos courses, nos à-peu-près,
Nos cascades élancées, nos ruades gitanes.
Je vivrai à nouveau tous nos sauts de cabri,
Je scruterai les airs, pour entendre ta voix,
Je sifflerai les notes que tu appréciais tant,
Je dirai tout le bien que je pense de toi,
Serein, et foudroyant pourtant, tout seul je ri-
Rai de bon coeur, revoyant tes doux yeux de liane
Couleur, et je nagerai jusqu’au fond de l’étang
Te retrouver, princesse, O toi, douce sirène.
Ta douce voix de cygne, et ta bouche de Reine,
Quand à l’appel de Dieu, Feu, je t’aurai quittée,
Même enfoui dans ma tombe, non, je n’oublierai pas.





Sully Josèphe Sao