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Saber Lahmidi

Il était une fois une rivière

Nous avons perdu le bonheur d’une rivière
Perdant ses souvenirs, son charme et sa valeur
Un grand cadavre fait de cailloux et de pierres.
Qui a perdu son long chemin et sa saveur.

On a perdu l’oued qui a tout peint en vert
Sur ses rives, près des palmiers et dans nos cœurs.
Le temps recule et les jours deviennent amers
Puis la verdure a laissé sa place à l’horreur.

Tout est gris, tout est jaune au bord de la rivière
Qui a pris sa valise et a quitté Tozeur
L’eau s’est évaporée et reste le désert
Les larmes taries, ce sont que nos cœurs qui pleurent.

L’été nous torture et l’automne nous conquiert
Cinquante degrés et plus à l’ombre à Tozeur
Le printemps est absent et s’excuse l’hiver
Il fait très chaud ! il n’y a pas d’ombre à Tozeur !

Regrets, gémissements, ténèbres et poussières
Un destin au rythme des chagrins et des pleurs
Le ciel est triste et ses gouttes sont en colère
Cœurs confus, visages pâles, faim, soif et peur.

Les gens ; des loups, des bêtes se mangent la chair
Coups qui viennent d’ici sûrement et d’ailleurs
Mains liées dans les menottes de la misère
Et le mal prend racine à partir du malheur.

Les mains liées et les pas vers le cimetière
Il n’y a que des cimetières à Tozeur
S’évader d’un paradis devenu enfer,
Je vous parle du rien qui s’appelait Tozeur.

Les palmiers ne meurent que debout à Tozeur.
Quant aux fugitifs, les ennemis des lumières.
Qui ont été maudits, devenus visiteurs
Hélas ! le paradis, Ras el Ain et son air.

Au revoir, oasis, au revoir, ma rivière !
Des années sèches qui produisent des chômeurs
Au revoir, oasis, au revoir, ma rivière !
Ici, les cauchemars avalent les rêveurs.