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Sébastien BROUCKE

Sang Saison


Au printemps, ce vampire.


Mars ira revêtir les habits que septembre
Rêvant de nudité jette au milieu des cendres !
Mais il faudra du temps pour qu’un printemps se lève,
Se secoue de l’hiver, se frotte le visage,
S’illumine les joues, se réchauffe la sève,
Pour nous marquer le cœur comme on corne une page !
Etalant un soleil plus vivant que vorace,
Il égaiera ces champs qu’a désertés l’audace !
Des arbres orneront la fleur qui sent la pomme
De pétales jamais n’apercevant l’automne ;
La nature clora ses aubes musiciennes,
En sculptant de couleurs les heures méridiennes ;
Lors, la fraicheur des soirs que le ciel bleu hasarde
Relèvera le front des pâtures bavardes…

Vois ! Le jour ose vivre ! Il peut se le permettre,
La mort en son chemin vient de faire une pause ;
A la brune il discerne, ondulant dans le rose,
La plage qui soumet deux mondes à deux maîtres ;
L’océan parle haut, la terre part là-bas,
Tous deux couchent si seuls qu’ils ne s’endorment pas !
Se frôlant sans violer l’immarcescible loi,
Les vents de ces pays ne font plus qu’une voie.
Le sable égraine et trace à ces équilibristes,
La ligne où se tutoient ces grands fildeféristes,
Mais n’étant qu’un baiser tant leurs lèvres se touchent,
On dirait que tous deux ne sont plus qu’une bouche…

Je sais d’autres amants, plus aériens, plus libres,
S’aimant dissimulés dessous des lunes rousses.
Ils pensent aborder de bienveillantes rives,
Sur un lit de galet, sur un tapis de mousse,
Quand peu à peu s’éteint la brûlure du givre.
Oui, je sais ces amants, je connais ces maudits,
Qui comme un mois d’avril reviennent à la vie !
Regarde en ton miroir, aperçois dans ton cou,
L’empreinte qu’a laissée cette heure dont ils rêvent.




Contemple ton visage, et tombe à tes genoux,
L’attente fut si longue et l’étreinte est si brève !
Courage, tout revient ! Puisque les saisons tournent,
Tout vivra du dépit que ton amour contourne.
L’espoir est le plus fort, l’hiver ira finir,
Tout meurt ? Qu’importe ! L’amour te possède.
Le frais venin qu’il t’inocule est l’élixir
Qui te garde en vie ! Ce poison est ton remède.
Il t’entraîne, il t’emplit, d’insoupçonnés désirs…
Tu aimes, tout le veut, et toujours ton corps cède ;
Dès avant de te voir, son âme a les mains pleines
Des parfums enivrants courant dedans tes veines.
Mais que cherche l’instant que cet ange promène ?
Ses dents percent ta chair et susurre à ton sang :
Il n’est pas de saison pour se sentir vivant,
Je m’en reviens à toi comme fait le printemps !
Tel un vampire alterne à l’absence qui dure
La joie qui rejaillit en profondes morsures,
Tu naîtras à l’horreur d’adorer ce moment,
Où les morts sont heureux de manger les vivants…