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Sébastien BROUCKE

MirOiR éTeint

Le temps versait sa cire et sa flamme aux visages
De ces heures coulant étranges et banales.
Au travers de l'absurde encombré de nuages
Il tombait l'ironie d'un ciel rare et bleu pâle.
Un village songeur, cerné de mille rides,
Avançait d'un pas lourd attentif à ses cloches.
Voyant choir sur le sable un peu de sel humide,
La maison s'approchait, les mains sortaient des poches.
Ce monde se pressait, lentement et sans haine,
Tout au bout d'une rue qu'un long silence emporte.
Dissimulant l'entrée, dissimulant la peine,
Un rideau noir mourait dignement sur la porte...
Débordant de tristesse, inondé d'ombres seules,
Rempli de souvenirs et de vieillesses frêles,
De colonnes voûtées au manège des meules,
Un long petit couloir murmurait derrière elle.
Sur les draps blancs d'un lit reposaient une tête,
Et des cheveux blanchis, qu’une calme lueur
Descendait éclairer. Le repos, la tempête
Y dormaient emmêlés. Alourdis de sueurs,
Et de bonheurs manqués, d'étoiles qu'on allume,
Et de rêves gravés... un coussin se creusait,
Perturbant le repos d'un petit tas de plumes,
Sous un poids de sommeil et d'idées envolées.
Quel âge ?!... Nul ne sait ! Laid, grand, riche ?... Qu'importe !
Un visage muet au bout de son chemin,
Un corps juste endormi, femme, homme, qu'on emporte,
Aveugle, sourd, glacé, ne parlant qu'à certains.
Les vieillards orphelins, d'amour et d'avenir,
Y venaient entrevoir ce qu'ils seraient bientôt,
Admirant, effrayés, cet impossible pire ;
Voir une âme de plus éloignée de ses os,
Voir ce jour invincible... Oh !... presque le toucher...
Ce jour où...! Simplement vouloir..., pouvoir encore...,
Même souffrir bien plus ! Même bien plus d'année...!
Mais cette paix là..., non...! Surtout pas..., pas encore !…
Infâme temps béni que nous aurons cru nôtre ?!...
Dans l'homme quelques fois la lumière se perd,
Il gémit sur lui-même en pleurant sur un autre,
Car revoir cette vie que cette mort éclaire,
Lumineuse pénombre, éblouissant silence,
Heureux instant de trop clôturant quelques heures,
Admirable désordre, inconscience immense ;
Homme ! Existerais-tu, si tu vivais sans Peur ?!