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Sébastien BROUCKE

Les reflets de Bethesda

S’ils traversaient les nues pour baigner le matin,
S’ils descendaient radieux nager dans les bassins,
Les faisceaux d’un soleil paresseux mais tranquille,
Cachaient leur nudité dans des halos futiles,
Et l’on pouvait saisir dans la couleur fusant,
L’invisible candeur de l’été commençant.

Comme le cœur d’un ange explose enfin de joie,
Lorsque montent d’une âme, attendrie, quelque foi,
Quelque prière pure, une sainte louange,
Ainsi plongeant des cieux déflagrés de mésanges,
Des herses de lumière assaillant les rétines,
Descendaient rebondir au bleu de la piscine.

L’amour pulsait sans fin ses bienheureux rayons,
Ils parcouraient l’espace, y devenaient crayons,
Et la terre espérait, commune page blanche,
Qu’aille fondre sur elle en sa poésie franche,
La Parole enjouée du silence des cieux,
Cette langue éternelle où le Verbe est un dieu.

Mon cœur s’émerveillait de ne rien déchiffrer,
L’inconcevable hantait ma raison balafrée,
Le regard impatient, courant d’une œuvre à l’autre,
Je scrutais ébloui les secrets du grand Autre,
J’accourais confiant mais repartais bredouille,
Vers ce monde où l’énigme au miracle pendouille.

Les trois artificiers explosant en morceaux
L’étoile du matin sur la face des eaux,
Sous d’invisibles traits qui dardaient l’essentiel,
Mes flots s’ensoleillaient où se mirait mon ciel,
Et tout enluminé de lueurs Majorelle,
L’azur m’enflammait l’âme avec ces étincelles !

Contemplant chaque vague incendiée d’éphémère,
Je devinais qu’au loin flamboyaient d’autres mers,
Reflets déchus des cieux, flammes insaisissables,
Vous m’allumiez au cœur des lueurs innombrables,
Mais avec tant d’éclat… que je fermais les yeux,
Comme on voile sa face en approchant de Dieu.