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Sébastien BROUCKE

Le cœur désaffecté

Lézardée la bâtisse entrevoie sans noirceur,
S’évaporer des trains qui fusent sans vapeur,
Elle s’agite et tremble aux pouls des voyageurs,
Qui ne s’arrêtent plus sur ses quais sans langueur.

Dedans mes souvenirs se croisent des regards,
J’y refais ta rencontre au cadran du hasard,
Au rythme des arrêts bat le cœur de la gare,
Le ciel égaie le hall que ses lueurs bigarrent.

Personne ne descend et qu’ou non tu le veuilles,
Ce qui s’arrête là… ce ne sont que des feuilles,
Tombées devant la porte et que des vents en deuils,
Emportent loin des rails étendus sur le seuil.

Si les rapides jouent quelquefois à l’automne,
Sur les quais point de rouge, ou d’orange, ou de jaune,
Débranchés sur la voie les panneaux qui foisonnent,
Plus un seul sémaphore ou de signaux qui sonnent.

Disparus avec eux les cris du poinçonneur,
La casquette est tombée du front des contrôleurs,
Le temps n’a plus d’aiguille et l’horloge sans heurts,
Aux fantômes d’ici ne fait même plus peur.

Le monde va plus vite et le village est mort,
Mais j’aperçois parfois, du train, mon cœur qui sort,
Volant au cimetière où repose ton corps,
Sur ta tombe il remet des fleurs jusques aux bords.

Puis il revient vers moi et voyage à rebours,
Compostant en mon âme un long billet d’amour.
Ah ! Que n’ai-je acheté un aller sans retour,
Et tiré pour te voir la larme au bleu du jour !

Je ne m’inquiète plus pour mon peu de bagages,
La malle de ma vie ne contient qu’une image,
Au second plan la gare emplit le paysage,
Et devant tu souris lorsqu’enfin mon visage…