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Sébastien BROUCKE

Le « Pardon » de Dieu


Riant le vent passait, tordu parlait aux arbres,
Indiscret j'écoutais ses clameurs que n'égalent
Nos liesses. Tu frémis. Le bois se fit de marbre.
Un cœur comprend toujours ce qui lui fera mal.

Je regardais au loin quand les branches se turent,
Soudain rien ne bougea. Surpris, le temps cessa,
Et l'absence des bruits ou celle des murmures,
Envahissant les lieux vint et les pétrifia.

La porte était fermée, rien ne pouvait sortir,
Mais rien ne demeura. Ton sourire d'abord
Avait fui ton visage, et ton regard, c'est pire,
Qui me fixait encore, interrogeait le Sort.

Le présent resté seul, les cieux n'avançant plus,
L'avenir nu, ton corps, les feuilles qui chutaient,
Tout s'immobilisa. Pantois comme un pendu,
Je scrutais les grains d'air que la frayeur figeait.

La nuit ne courrait plus claquer à la fenêtre,
Le soleil susurrait, ici cesse ta course...
Vivre depuis si peu et déjà ne plus être,
Ne pas voir l'océan, désapprendre la source !

Plus un cil à bouger, rien à pouvoir étreindre,
Ni l'horizon le soir, ni tes doigts le matin,
À suivre aucun chemin, point de berge à atteindre,
Espérer tout au plus toucher les nues demain...

Mirage, égarement, ne plus jamais dormir,
Mais rêver de partir comme un mort se mouvoir !
Ah ! que faisait sur moi cet insane sourire,
Et pourquoi tous ces gens pleurant dans ce couloir...

Descendre sans bouger, sans remuer s'enfuir,
Retourner à la terre, à la fumée se rendre,
Lorsque rien ne s'éteint, soudain ne rien voir luire,
Sauf le temps s'arrêter et le vent se suspendre !

Le froid vint. Et là, quand mes vers durent jaunir,
S'éteignirent leurs feux qui courtisaient l'automne,
Les arbres attendant, las, le roux reverdir,
Je pinçais dans ton cœur la corde où le glas sonne.

J'aurais trouvé tout bon, et la douleur festive,
Quand même on aurait du m'arracher chaque bras !
Essayer d'inspirer, d'avaler ma salive,
Mais rester affalé au secret de ce drap...

Cependant ne survint pas même le néant,
Plus de goût, de couleurs, rien d'autre à partager,
Qu'un même élan coupé, un petit trou béant
Pour verser dans ce monde où tout se doit d'aller.

Tombant sur tes genoux, digne comme une mère,
Tu revis les bonheurs que nous avions vécus,
Mais plantant dans ton cœur les traits de l'éphémère,
S'avancèrent tous ceux qui n'arriveraient plus.

Tu prias. Ta plainte enlacée de sanglots où
Les cieux lisaient l'amour que tu me portais trop,
Perla sans fin la larme au milieu de ta joue ;
Ton visage jamais ne reviendrait plus beau.

Serein, muet, inerte, aux débris de ta joie,
J'aurais sommé cet homme éveillant le hasard,
De descendre du ciel, de revenir pour toi,
Mais lorsque l'on s'en va, c'est sans voix que l'on part.

Attachés l'un à l'autre, épris dans sa tenaille,
Pourquoi deux cœurs soudés s'effraieraient de la Mort ?
T'ai-je dit que je t'aime avant que je m'en aille,
Je ne l'ai que pensé, voilà pourquoi, alors...

Dieu murmura "Pardon" quand les branches reprirent,
Sans trop nous regarder, sans trop faire attention,
Leur danse autour des troncs, leurs chemins pour fleurir,
Leurs doux balancements, leurs conversations.