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Sébastien BROUCKE

La sieste

Allongé près de toi je goûtais la musique

Au jardin qui n’est plus offert,

Et mon cœur affamé de cantiques,

Assoiffé du café qu’on sert

Dans cette auberge verte, enfouie, ravissante,

S’élevait dans les airs ainsi que la rosée,

En brumeuse félicité.



Ton âme battait la mesure, et cette fée,

Qui revenait sans fin pour combler mes attentes,

De sa baguette en fleur, ensorcelait l’été.



Dormions-nous quelquefois, un seul rêve emmenait,

Au pays merveilleux qu’est celui des marmottes,

Cet instant qu’un silence au silence chuchote…



Etendu dans un pré assourdissant d’odeurs,

C’est en ne faisant rien que je devins meilleur ;

Je ne croyais qu’en moi mais, landes singulières,

C’est couché sur leur herbe et veillant en lion,

Qu’auprès d’un amour trublion,

Emu, je connus la prière...



Adam n’eut rien de mieux avant sa rébellion !

Dans ce temple où j’entrais, je m’avançais sans arme,

Qu’en aurais-je bien fait, la tienne était ton charme !



A boire à ta beauté, je devins généreux,

A contempler ta main, frôler

Ta chevelure, on me devina bienheureux,

Parfois fébrile ou mieux, gâteux.



Longtemps j’ai voulu revenir, et m’allonger

Encore, à ton côté, tant de secondes fois…

Mais ce fut impossible, en ennemi qui hante,

Jaloux, le temps passa sur toi.



Désormais je vais mieux, la mémoire imposante

Me reprend chaque jour ses images brûlantes.

Moi qui fus plus puissant qu’un roi,

Je regarde le sceptre ancien de ta jeunesse,

Ce cher objet ne vaut plus rien,

Mais il est resté mon soutien,

L’effroyable bâton de toute ma tendresse.



Le monde peut finir, les astres s’arrêter,

Les cieux n’ont plus en eux de quoi me satisfaire,

Et puisqu’ils n’ont repris que ce qu’ils m’ont donné,

Ils ôtent même à ma colère…



Tu as grandi ma fille au lait de leurs saisons,

Mais que vois-je en tes bras, est-ce un petit garçon ?