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Sébastien BROUCKE

Attire d’elle…


Est-ce un cœur étranger qui pulse dans mes veines,
Comme hier je ressens de curieux phénomènes ;
On dirait qu’en mon sein le sang d’un inconnu
Vient irriguer sans bruit mon âme mise à nu.
Serais-je divisée, dans mon corps on combat,
Et je tremble en sentant ce bout d’ailleurs qui bat !
Lorsque dans le lointain mes grands yeux baguenaudent,
Soudain je sens en moi comme un regard qui rôde…
Tandis qu’à l’horizon des oiseaux en balade,
Je devine en mon corps quelque loup qui parade.
Pourtant je vais si seule, assise sous cet orme,
Ne parlant qu’à mon livre, aux nuages sans forme ;
Je voudrais m’évader, mais seule on s’emprisonne,
La liberté ne vient qu’aux cœurs qui papillonnent !
J’avoue j’attends, j’ai peur, et je fuis dans des rêves,
Où les amours sont grands mais les histoires brèves.
Un peu désespérée, regardant tout autour,
J’entame mes journées comme finit le jour.
Personne dans ce parc, enfin... hormis cet homme,
A l’opposé de moi, sur ce banc palindrome.
Ne croyant plus en rien, je cherche le chemin,
Où ses doigts chasseraient les ombres de ma main !
Le monde est devenu depuis lui plus amène,
La pluie même est jolie. Depuis une semaine,
Il semble que le ciel irradie autrement,
Et qu’un soleil plus chaud descend plus jaunement…
Les arbres vont vêtus de teintes aquarelle,
Les fleurs dans les massifs ont des couleurs nouvelles.
Il n’y a plus de brume, aux cieux point d’arc-en-ciel,
Seul cet homme à mes yeux rend la douceur plurielle.
Est-ce l’amour, la fièvre, ou l’imagination,
Même les mots que j’ai vont sans définitions.
Je sais très bien qu’hier il était déjà là,
Comme la veille…, veille, et que tout cet éclat
Tombant autour de moi, c’est lui qui me le donne,
Jusque devant mes yeux ces boutons qui bourgeonnent !
Impuissante, muette, interdite, pantoise,
Dans ma tête un théâtre et deux ombres chinoises…
Se peut-il qu’il y ait quelqu’un d’autre en ma robe,
Que mon âme en folies sous ma peau se dérobe ?
Je ne sais plus que faire et tremble de partout,
Sursautant aux frissons des tresses dans mon cou…
Est-ce un loup cet agneau, un oiseau ce serpent,
Un démon silencieux qui m’aime et s’en repent !
Il ne fait rien, il vit, et l’on croirait un ange,
Mais ses ailes parfois j’aimerais qu’il les range…
Il veille trop sur moi, je voudrais qu’il me guette,
A en être apeurée comme l’est une bête !
Face à cet ennemi qui n’ose m’attaquer,
Me rendre, me soumettre, ou fuir et puis manquer
Ce rendez-vous sacré que je voudrais fixer ?
Mon âme, qu’un seul prince aura droit d’annexer,
Irais-je te livrer à ce dieu sans armée...
Tombe-t-on à genoux en rêvant de sommets…
Dans son visage intègre où s’en vont mélangées
La force rassurante et, douceur de berger,
Cette immense tendresse où me désaltérer,
J’aperçois tout l’amour dont il me parerait…
Il est beau, je l’avoue, et comme en ses eaux calmes,
Du marin la sirène approche sans sa palme,
Je rêve moi aussi d’éblouir par ma voix,
Ce nautonier divin pour lui montrer la voie…
Dans mon cœur un cyclone, au sien des alizés,
S’il savait ma tempête, aurais-je ses baisers ?
Mémorable douleur dont je goûte l’horreur,
J’encense un inconnu à en frémir de peur.
Quelle idée d’adorer un homme dans sa tour,
Ne puis-je en être aimée sans jouer du tambour...
Honte à moi… ou pitié ? Comment !... Je suis heureuse ?
J’ai mal à ma fierté à tomber amoureuse !
Je l’aime et m’abomine, en moi tout a fondu,
Je ne connais plus rien, je ne suis qu’éperdue…
Sans avoir combattu j’accepte ma défaite,
Et dans mon cœur déjà comme des chants de fête !
Je me rends, j’ai perdu, j’irai le voir demain,
Je me laisse la nuit pour lui prendre la main…
Mais qu’offrir au vainqueur, en plus de moi, vaincue,
Quelque histoire d’amour qu’il a déjà vécue ?
Nous verrons au matin, je serai plus légère,
Ce soir je crains un loup, demain j’irai bergère !