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Sébastien BROUCKE

Alzheimer

Comme ces peintres-là en remontant aux cieux,
S’effacent des tableaux où s’abîment nos yeux,
Se meurent dans mon cœur, quand leurs soleils s’éteignent,
Ces jours dont ton sourire ennoblit tout le règne.

Sous le temps qui les ronge et la vie qui s’écoule,
Dans ma mémoire on voit des bâtisses qui croulent.
Ni poussière, ni bruit, pas un seul saignement,
Tout ce qui tombe ici tombe sans mouvement.

On croirait que l’automne en son vêtement rouge,
Pétrifie dans mon âme, empêchant qu’ils ne bougent,
Nos derniers souvenirs. J’attends, nonchalamment,
Qu’il repeigne mon cœur d’étranges rougeoiements…

T’oublier, la plus grande de mes petitesses,
Au baiser de Judas j’aurai joint la caresse.
Traître à notre passé, souffrant d’indifférence,
J’habille mes pensées de trop de sénescence…

J’oublie, je désapprends, chaque jour je dépose
Une brique de plus sur l’herbe morte et rose,
Où nous marchions tous deux aux verdoyants printemps,
Nous tenant par la main comme font les amants.

Ayant tout démoli les ans passent et rient,
Quand moi j’entends que pleure en ce chaos, meurtrie,
Une petite enfant qui traverse la salle
Du château disparu de nos joies colossales…