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Sébastien BROUCKE

A celle qui pleure son chat


Ne crois pas que j’ajoute à la mythologie
Ni que je vienne ici pour une apologie !
N’attends pas que d’un chat je te tisse un éloge,
Que d’un pelage absent qui te servait de toge,
Je bâtisse une nuit où brille en souvenir,
L’astre d’un regard maigre où t’étendre et dormir !
Je ne suis descendue vers toi que pour ma gloire,
Ta peine est inutile et compte comme un soir !
Je m’approche sans bruit, à l’instar du félin,
Narguant ton cœur meurtri qui implore, orphelin !
Que veux-tu que je fasse et qu’attendre de moi,
Des mots pour réchauffer tes jours transis de toi ?
J’erre sans sentiment, seul le beau ne m’a fui,
Où que j’aille je mets l’harmonie qui y luit.
Mortes dans la vieillesse ou perdues dans les rues,
Je ne rends pas la vie aux chattes disparues.
Pourtant, tu m’as touchée, tes larmes m’ont émue…
J’ai tardé pour parler car, chenille qui mue,
J’ai savouré le temps qui me poussait en ailes,
Et désormais tombant mes fleurs en ta parcelle,
Si ce n’est que pour moi que je nais au poète,
Mes mots font des lampions s’agitant sur ta tête !
Il ne me déplait pas d’enluminer ton cœur,
Vois, par la mort d’un chat nous sommes un peu sœurs.
S’il est dur de survivre à ceux qui nous transportent,
Lourd d’entendre tomber nos larmes à leurs portes,
Ton mal n’est que celui que nous revêtons tous.
La douleur qui te couvre est comme cette mousse,
Qui tapisse les troncs dormant sous les écorces,
Femme, n’enlève pas ce qui colle à ta force !
Je ne rends pas la vie mais vois, je la prolonge,
La mort est dans mes mots une ombre qui s’allonge,
Et l’amour que je luis quand le soir vient et tombe,
Porte encor les couleurs de ton chat dans sa tombe…