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Roger VIDAL

Tout l’or de la mémoire

C’est si peu exister, c’est presque rien en somme
C’est simplement courir comme ça dans le vent
Juste pour ressentir qu’on est encor vivant
Même si le chemin est peuplé de fantômes.

Parcours d’un court instant, ainsi vont les mensonges
L’azur de tes étangs et le vent de tes courses,
Tout ça n’est qu’illusion, même l’eau de tes sources,
Tu n’es ni plus vivant ni moins que dans tes songes.

Je sais que tu es là derrière ces montagnes,
Une petite pluie tremblée au fond des cieux
Où poussent en secret les edelweiss précieux,
Comme une nostalgie que la flûte accompagne.

Ton soir descend en pleurs sur ma mer doucement,
Ta houle me reprend de berceuse éthérée,
Je la sens m’envahir, lente et désespérée,
Pendant que mon étoile entre en ton firmament.

Quand je serai rendu sur ta berge asservie
Où chaque désespoir sait être raisonnable,
Je prendrai dans ma main une poignée de sable
Promise au sablier d’où coulera ma vie.

Tu n’es plus que de vent, d’écume et de musiques
Ta marée me remonte aux confins de ta dune
Repose-toi mon cœur dans ce fond de lagune
Où meurent sans savoir les mondes amnésiques.

Nous oublierons aussi, ne pleure plus les jours,
La vague diluera l’encre de nos grimoires.
Quand sera épuisé tout l’or de nos mémoires,
Nous nous endormirons ensemble et pour toujours.