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Roger VIDAL

Tout ce qui fut

Nous vécûmes des nuits où nous montions au ciel,
En tutoyant Volfgang, Léo ou Jean Ferrat
Que nous apercevions derrière l’arc en ciel
Et Apollinaire ou Georges ou Barbara,
C’était le quotidien de nos vies insomniaques
Peuplées de nos héros, Van Gogh ou le grand Jacques.

Mes amies, mes amis, nos vies cinémascopes,
Nous les vivions ainsi, passion au bout du cœur,
La dilution du spleen aux brumes des clopes
La certitude un jour de refaire en vainqueurs,
L’histoire pour nous même et nos moi, librement,
Comme un mai de bohème, la vie autrement.

Et l’amour dans tout ça ? L’amour était partout,
Au quarante cinq tours d’un Servat de révoltes,
Dans les baisers velours de tes lèvres, surtout,
Ou au poing de Marti, d’Occitanes récoltes,
Dans ces aubes blanchies aux vitres de l’aurore,
Ah Marie souviens toi et souviens toi encore.

Il y eut des matins et des cafés brûlants,
Des regards de langueurs, langues embarrassées,
Des gestes maladroits, des décors ondulants
Et tes lèvres de miel mille fois embrassées
Et ce divan profond comme un parfum d’orgie,
Où nous plongions tous deux… toute une nostalgie…

Et lorsque le vénal s’est mis à exister
Sont venus des marchands vendre du culturel,
Il n’est pas apparu l’homme dans la cité
Celui qu’en ces années espérait Jacques Brel.
Sont partis éclipsés, très délicatement,
Rêves, microsillons, chansons et sentiments.

Parfois je pense à nous, c’était je ne sais quand,
Une autre vie je crois sur une autre planète
L’horizon a portée de nos rêves vacants
L’espérance en partant qui laissa place nette,
Exit toutes nos soifs d’idéaux infantiles
Et soudain remplacées par des craintes futiles.

Mes amies, mes amis de doutes, de délires,
Comme Anne le disait, romantisme mordant,
« Dites moi vous l’aviez pourtant le cœur à rire,
Dites moi vous l’aviez pourtant, le cœur aux dents… »
Mais la ronce aux jardins a tué l’aubépine
Et la rose a fané nous laissant ses épines.