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Roger VIDAL

Refermer les ailes

Je vois s’ouvrir le temps de fortuite mémoire,
Ma foi en nos futurs mes frères qui vivez
Ou mourez avec moi et vous qui arrivez,
Elle est déracinée du cœur de leur histoire,
A ces hommes passants qui ne cessaient d’y croire.

Ah je vous entends bien de mots et de raisons,
Il n’est que de sortir notre âme à la fenêtre
Pour voir ce qui soudain aurait pu cesser d’être,
Comme l’herbe qui pousse autour de nos maisons
Mes frères d’incertains aux mutantes saisons.

Oh montagnes d’exil, mon cœur aux escalades,
Nos cerveaux ne seraient que par l’écho des sens ?
J’y retourne toujours dans ces vains contre sens,
Dans tous ces souvenirs, d’espérances malades,
Qui peuplent de néant l’envers de mes ballades.

Il est dans nos forêts ces allées de jasmin
Et les ailes brisées aux murs d’intolérance,
Tout ce qui est inscrit en gris dans la souffrance
Comme s’il n’était rien jusqu’au bout du chemin,
Vire en couleur parfois du vermeil au carmin.

Rêve fraternité d’une enfance troublante
Des espiègles rendus aux accents persifleurs
Mais aussi cette fille et son bouquet de fleurs
Qui en cette Saint Jean à la nuit accueillante,
Déposait sur ton cou un brin d’herbe tremblante.

Et tout vient de si loin, peut être bien d’avant,
Cet amour qui se bat d’espérance confuse
A l’heure de sa mort encore se refuse
A tous ces compromis de mépris, en rêvant
Un songe rien de plus qu’un songe dérivant.

Ce soir où tout s’en va je demeure en poursuite
De ce rêve éveillé que je fais si souvent,
Ecoute Jane entends ce que chante le vent,
C’est au creux de tes reins que s’accomplit ma fuite,
Je n’ai d’autre grimoire où écrire la suite.

Ma vie n’est que de broc, mélangée d’Occitane
Et quitte à en mourir j’irai bien au-delà,
Pour revenir au coeur qui hier me modela,
Je vais m’ensevelir en ton sein, ma profane
Et puis tout oublier sauf un seul nom : Ô Jane !...