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Roger VIDAL

Quand vient le soir


Ce soir au coin du feu, nulle chose ne bouge,
Le vent qui a soufflé le jour, prend du repos,
La pendule en tic tac nous livre son tempo
Jane a les yeux mi clos et les joues toutes rouges,
La neige et le soleil se mêlent sur sa peau.

Un instant m’apparaît la pêche de sont teint
Dans un rabat de flamme où la lueur chancelle
Et qui renaît soudain en gerbe d’étincelles
Je la vois étendue sur le siège en rotin
Toute douce de nuit en langueurs de pucelle.

Elle mime si bien cette pure innocence
Peut être sans vouloir, mais qui peut l’affirmer ?
Que je ne vois jamais le piège se fermer
Lorsqu’elle reste ainsi en demi somnolence
Et je me laisse prendre à l’envie de l’aimer.

Et le bonheur se glisse au cœur chaud de l’hiver
Lorsque l’heure nous vient tirant le crépuscule
Vers l’autre dimension là où le temps bascule
Alors qu’il n’est que nous perdus en l’univers
D’un long frisson éclos en l’amour majuscule.

Sur ses lèvres du haut du soupir au baiser
Demeure un goût mêlant les fraîcheurs de verveine
Et dans celles du bas, cette divine étrenne
Que jamais ne connut la chair inapaisée
D’une autre Jane hélas, dite bonne Lorraine.

Par ces montagnes là qu’en rêve je gravis
Par l’entre deux soyeux de ses cuisses ouvertes
Par cet un instant vécu, ces minutes offertes
Où coule entre nos corps cette sève à l’envie,
Il n’y a rien de plus, rien de moins que la vie.

Le 26 février 2010