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Roger VIDAL

Ne jamais vous quitter


J’irai sans un regret à l’autan qui m’emporte,
Pour devenir silence au-delà des collines
Et de rêve éveillé j’ornerai mes vitrines,
Musiques dans la nuit, je fermerai ma porte.

Je serai pour toujours cette chanson du vent
Que tu chantas pour moi si longuement, ma mère,
Elle contient tes mots, notre âme et ma chimère
Ah je l’entends sais-tu, je la joue si souvent.

C’est le cœur plein d’amour aujourd’hui que j’écris
Et sans lever les yeux, tous ces mots de passant,
Il se peut qu’un beau jour quelqu’un dise en passant :
« Ces vers je les connais, ils riment comme un cri ».

D’amour j’en suis si plein mon âme que j’en crève
Me voila fort pourvu et pour l’éternité,
Encombrant sentiment, comme une infirmité
Que je ne laisserai qu’en ma dernière grève.

Je vais vous retrouver ma minuscule Espagne,
Dans l’éther un peu lourd d’un midi andalou
Ou au soir descendant, aux brumes, déjà flou,
D’un chemin qui se perd au fond d’une Cerdagne.

Ou en cette oasis au cœur d’un Sahara
Dans ce chant de noël aux bouches de minuit,
Ou dans cette rosée que, doucement, la nuit
Tout au bord de tes cils, sans bruit, déposera.

C’est sur, je ne serai jamais très loin de vous,
Un peu dans la chanson qui sert à te distraire,
Dans le verre de vin que tu boiras, mon frère,
Dans ton ciel étoilé aux soirs des rendez vous.

Vous croirez m’oublier pourtant je serai là
Par le mot que j’ai dit avant que la nuit meure,
Cette note envolée et qui en toi demeure,
Par cette main tendue et qui te consola.

Et puis dans ce pays qui demeura en rade,
Je serai bien vivant, prés de tout ce qui bouge,
Là où notre jardin s’orna d’une fleur rouge…
Oui aux tréfonds secrets de ton cœur, camarade.

Je te laisse en cadeau ces terres de falune
Venues des bords de mer des îles du levant
Mon piano qui joue juste des airs d’avant
Et puis mon rêve intact aux nuits de pleine lune.

De cette lune enfin, je me garde un croissant
Blond baiser dans le soir, comme un espoir naissant…