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Roger VIDAL

Mon pays


Le souffle de l’été, est passé sur les champs,
Elles se sont taries, les sources cristallines,
Il y a eu la joie, les rires et les chants
Et l’or tombe déjà sur le flanc des collines…

J’ai gardé, de ce temps, des dessins, en mes yeux,
L’espoir de ces printemps, tant écrasés de vert,
Des étés moissonnés, des automnes de feu,
Des chandelles aux toits, accrochées par l’hiver.
Et même si parfois, j’en oublie la chaleur,
Celle du feu de bois, au cœur de la maison,
Il est toujours en moi, mon pays de couleurs,
D’ombres et de clartés, au hasard des saisons.

Il est toujours en moi, mon pays du toucher,
Du velours des mousses, au piquant de l’ortie,
De la truite lisse, coincée sous le rocher,
Du satin des pinsons, au creux des nids, blottis.
Il est toujours en moi, mon pays des saveurs,
Du craquant de la pomme, au sucre de la mure,
Mon pays tranché, de doutes et de ferveurs,
De la douceur du miel, à la groseille sure.

Il est toujours en moi, mon pays de senteurs,
De l’humus, au tilleul, du narcisse, à la prune,
De cent fleurs mêlées, aux aromes enchanteurs,
Des prés, aux foins coupés qui sèchent sous la lune.
Il est toujours en moi, mon pays de musiques,
Des cigales, aux oiseaux, des grelots, du vent,
Mon pays muet, aux dérives amnésiques,
Qui oublie quelque fois, pourquoi il est vivant.

Il mélange ses mots, quand souffle vent d’Espagne,
Catalan, Occitan en la même romance,
Il est fait de sommets, que je croyais montagnes,
Il est fait de montagnes, que je croyais immenses.
Vous étiez moyennes, mes montagnes, pourtant,
Vous dressiez vos sommets, mes murs de citadelle,
J’en mesurai l’a pic, d’un regard de huit ans,
Certain que vous étiez, par nature, éternelles

Et j’ai cru très longtemps que vous touchiez le ciel,
Comment imaginer, géantes pieds d’argile,
Quand on est un enfant les yeux pleins d’arc-en-ciel,
Qu’ainsi que toute vie, vous soyez si fragiles ?
Vous n’êtes pas celles où dorment les glaciers,
L’altimètre, l’avoue, qui connaît vos mesures,
Et aujourd’hui, je sais, que des monstres d’acier,
Peuvent vous labourer, jusqu’à la déchirure.

Ils sont là ces monstres aux dents démesurées,
Notre cri aujourd’hui, seul, constitue leurs chaînes
Je les ai vu happer des séracs torturés,
Dévorer en deux jours une forêt de chênes.
Moi qui t’ai fait l’amour mon pays, sans bruit,
Comme un amant discret, sans jamais t’envahir,
Mon cœur et ma raison me chantent aujourd’hui,
« Demeurer silencieux, cela serait trahir ».