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Roger VIDAL

Matin de découverte

Tu n’as rien demandé, tu étais, simplement,
Venue de l’autre monde où c’est presque l’été,
Juste pour une idée, un mot sans boniment,
Un mot que tu m’as dit, que tu as répété
Et j’ai pensé soudain « le temps s’est arrêté ».

Ah toutes ces années, Sarah, que vont les jours !
C’était je me souviens… une fuite en Espagne
Je te disais jamais, tu me disais toujours,
Toi la maumariée comme échappée d’un bagne
Et nos cœurs affolés qui battaient la campagne.

J’avais juste vingt ans oh comme, c’est étrange
Ce qu’elle fut de miel notre lune en ballade
Elle avait l’âpreté et le goût de l’orange
Qui mûrissait là bas aux soleils de Grenade
Et aux nuits qui passaient de passion en chamade.

Le sable d’Almeria était si chaud encor
D’un été passager qui n’en finissait pas
Et il gardait en creux l’empreinte de nos corps
Stigmates de l’amour, puis celles de nos pas…
Quand nous fûmes partis, le vent les dissipa.

Tout a changé de temps, d’espaces et de jours
Nous étions, je crois bien, de passion clandestine,
Nés pour vivre et mourir et renaître toujours,
Il y a si longtemps, le temps et sa patine
Sont passés sur nos vies, de rose en églantine.

Je t’ai accompagnée comme il y a mille ans
Jamais ne t’oublierai, comme on vit, comme on aime
Tu es de mon passé tu es de mes bilans
La poussière du temps hors de tout théorème,
Un peu de ma jeunesse et un peu de moi-même.

Sur cet aéroport, quand tu m’as dis adieu
Au petit matin gris d’une nuit qui s’achève,
Il pleuvait de crachin, il pleuvait dans tes yeux,
Par tes baisers, tes mots, sur un secret qu’on lève,
J’ai compris tout à coup ton impossible rêve.

Le 25/10/2009