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Roger VIDAL

Ligne brisée


Ma chienne s’est frottée contre moi en passant,
Puis a levé la tête et m’a léché les mains,
C’était ainsi hier et ce sera demain
Et cet attachement, sans un mot, caressant,
Est tout ce qui relie l’animal à l’humain.

J’ai ouvert ma fenêtre et puis aussi la porte
Dehors sur le pommier les oiseaux picoraient
Le soleil ce matin pose un voile doré
Sur tout ce peuple ami en la nature morte
Que l’hiver sans couleur ne sait pas colorer.

J’entends dans le lointain des aboiements inquiets
Ma chienne les écoute en dressant les oreilles
Connaît-elle la langue à la sienne pareille
Qui porte cette annonce à travers le quartier
Qu’un passant est venu et qu’un chien le surveille.

Je n’ai d’autres schémas que des natures mortes
D’ailleurs existe-t-il en moi d’autres envies
Le bal de mes pensées où Bergson me convie
Je le laisse bruisser quand j’entrouvre ma porte
Où ma mémoire va jusqu’au bout de la vie.

Notre image d’amour que l’été colora
S’est gravée pour toujours comme en un vieux grimoire
Et elle restera au fond de ma mémoire
Bien au-delà du temps où mon cerveau saura
Mais que serais-je si je ne pouvais y croire ?

Et puis passe le train derrière ma maison
Un glissement feutré sur le rail sans jointure
Juste un bruit sans éclat, un son miniature
Je rêve qu’il me prend pour d’autres horizons,
Mais c’est vide partout, un non sens de nature.

Ils sont pesants les jours quand je ne te vois pas
Et pourtant tu es là mais je survis autiste,
Quel est donc ce couplet que je joue en soliste ?
Seule ma chienne sait, qui me suit pas à pas
Et son regard me dit: « Pourquoi es-tu si triste ? »

Le 18 février 2012