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Roger VIDAL

Les soupirs font le pont

Je vois de ma fenêtre un coin du Rialto,
Venise au petit jour s’est habillée de brumes
On dirait que de haut il tombe des écumes
Et Jane ce matin me parle en contralto
La plus grave des voix que lui permet son rhume.

Hier nous avons joué, dansé la farandole,
Dans ce quartier perdu pour touristes absents
Aux palines étions bien moins que vingt et cent,
Fantôme dans la nuit, passait cette gondole
Qui fuyait devant nous au rythme des passants.

Il chantait en ce jour, le dernier de l’année,
Pour une fleur Gina, la tendre barcarolle
Ce gondolier têtu qui balbutiait son rôle
Sans savoir que l’image en était surannée,
Cette époque se meurt, lointaine et pourtant drôle

Ah que restera-t-il de la carte postale
Où l’on voit des pigeons tous disposés en arc,
Fientant sur la toison du lion de saint Marc ?
Maintenant au marché du vieux Lido s’étale,
Cette fleur de Venise aux fins fonds d’un vieux parc.

Ma jeunesse se perd au bout d’une romance
Echeveau du destin que la vie dévida
Alors qu’un beau matin, soudain se dérida
La où stagnait l’esprit en sa pleine dormance
La surface des flots bercés par Dalida.

Janvier frileux s’éveille à la brumeuse aurore
J’écoute la chanson que le mythe éternise
« Quand on ne s’aime plus que c’est triste Venise »
Chante Charles Aznavour, mon Dieu, je le déplore,
Mais elle est triste aussi lorsque l’on s’aime encore.

Le 03 janvier 2010