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Roger VIDAL

Les oubliés de la ville

Leur France a des pudeurs de vieille demoiselle
Les images, parfois, lui semblent incongrues,
-Otez moi s’il vous plait ces tentes de nos rues-
Que nette soit Paris, la ville universelle.

Car face à Notre Dame, un lieu pour résister,
Là où Victor Hugo dans un autre langage
A planté de décor d’un cruel moyen âge
Ils avaient affiché leur envie d’exister.

Ils avaient installé leurs tentes de misère
Avant que le cutter les passe au découpoir
L’action était pour eux le début de l’espoir
Depuis qu’on leur disait « faut qu’on vous réinsère »

Enfants de Don Quichotte y aviez vous donc cru
A ces promesses là venues du bout des lèvres ?
C’étaient des mots de riche à apaiser les fièvres
Des pauvres dont les eaux pourraient se mettre en crue.

Vous n’irez plus au bois ni le long de la Seine
Vos lauriers sont coupés et vos tentes crevées
Mais que sera demain, quand se seront levées
Les colères naissant souvent après la peine ?

Ah vous pouvez passer les cités au karcher,
Ignorer désespoirs et visages hagards
Penser propre la ville à vos propres regards
Ces égoïsmes là nous les paierons très cher.

Vous pouvez ignorer tout du contestataire,
L’effacer par l’oubli ou par la violence
Mais le mal est profond autant que le silence
Et les voix du malheur nul ne les fera taire.

Car elles sont, ces voix, qui résonnent sans fin,
Le remords des noëls saturant vos vitrines
Et s’il n’était qu’un cri contenu aux poitrines,
Il faudrait bien qu’un jour il éclatât enfin.

Don Quichottes qui sait ce qu’on peut interdire ?
Mes frères de si loin, aux plaintes accessoires,
Je sais bien qu’aujourd’hui ces mots sont dérisoires
Et pourtant je n’ai pu m’empêcher de les dire.

(Le 16 décembre 2007)