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Roger VIDAL

L'épopée de l'Adam sapiens

L’inconnu part de là où finit le langage,
La mémoire, en ces temps, demeure jugulée,
Quand tu te mis debout, sans passé ni bagage,
Tes rêves n’étaient qu’images informulées.
C’est du moins ce que dit, le paléontologue,
Qui explore la nuit, par lambeaux de clarté,
Le geste, parait-il, était ton dialogue,
Pauvre vocabulaire, au parler avorté.
Pourtant, ta genèse, n’est plus à confirmer,
Dans l’argile, est sculptée, l’empreinte de ta main,
Ton épopée est là, dans la glaise, imprimée
Et la pierre taillée, témoigne de l’humain.
Ton combat silencieux, s’inscrit dans le rocher,
Toi de Neandertal, au silex affûté,
Ou toi, de Cro-Magnon, aux dessins recherchés,
Nous n’existerions pas, si vous n’aviez lutté.
Car cette aube des temps, était toute colère,
Des cratères, crachant le feu, comme au Mont Chauve,
Des éclairs aveuglants qui roulaient des tonnerres,
Aux combats incessants menés contre les fauves.
Et pourtant, à tâtons, ton destin s’accomplit,
Sans cette évolution, lentement programmée,
La chaîne qui à toi, aujourd’hui, nous relie,
Pouvait, à tous moments, se rompre à tout jamais.
Mais dans ce livre ouvert, il n’est rien d’absolu,
On peut nier les dates, contester l’écriture,
Car le temps décompose et l’espèce évolue,
Les textes incomplets, compliquant la lecture,
Reviennent aussitôt, les marchands de remords,
Parlant d’esprit divin, vous insufflant la vie,
La nature humaine qui refuse la mort,
Ne peut que croire en Dieu, gage de sa survie.
Car il n’est illusion qui n’ait une fonction,
La fin que nous savons, demeure une blessure,
Il faut bien l’assumer l’humaine condition,
Il faut bien, pour cela, croire ce qui rassure.
Mais toi, qui te levas, en des milliers d’années,
Qui libéras tes doigts, pour devenir humain,
Comment peut-on penser que tu sois destiné
A te mettre à genoux et à joindre les mains ?