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Roger VIDAL

Le sens de la vie

Je retourne aux tourments plus souvent qu’à mon tour
Pur paradis perdu oh pardon toi ma terre
Tout ce qu’il a fallu aux sèves de mystère
Pour parler aux printemps du primordial retour,
Et du règne animal.
Que se perdent mes pas aux parcours passagers
Je vis le vide au coeur, le rêve des vaincus
Mes vains instants volés aux violences vécues
Saisissant en passant ces songes saccagés
Que je porte si mal.

Je vais te féconder de coïts en semailles
Ma glèbe laborieuse aux marnes des sillons
Mon bateau lève l’ancre et hisse pavillon
Oui mais moi je demeure en tes lourdes entrailles
Là où tout mal s’apaise.
L’ombre des reposoirs passera sans passion,
J’ai souffert au-delà, plus que l’indispensable
J’ouvre les yeux pourtant pour les marchands de sable
Qui passent bénissant en basses processions
La semence en ta glaise.

Le passé si présent se pavane partout
Aux vitrines voilées, éventaires bidons
Notre ville la nuit, vile et veule ah dis donc,
Tu ne possèdes rien pourtant tu vends de tout
Même deux doigts d’amour
Toulouse tes trottoirs tentent, s’anatomisent
Raymond IV le sait et la place Belfort
Tes Nouchkas investies comme tes châteaux forts
Y frissonnent sans fin, jeunes filles soumises
Aux lois du désamour.

Toulouse tu es rose et de plusieurs manières
Vois ma ville violente aux violettes violées
Quelque petite Espagne en tes rues bariolées
Est venue visiter la croix et la bannière
Qui en toi se marient.
Je t’aurais volontiers donné mon sang mon âme
Cathare jusqu’au bout, rouge et noire rebelle
Stigmates aux statues saignants en ribambelle
Tu n’es que Saint Sernin bien avant Notre Dame,
Toulouse avant Paris.

Aux friches de tes prés je chante l’occitan,
Ma langue aux sept douleurs arrachée aux labours
Fut brûlée au bûcher de ce conte à rebours
Que tu nous dis encor aux voix du vent d’autan,
Troubadour asservi
Ma payse de loess, d’argile et d’alluvions
Que j’hume tes humus, tes humides humeurs
Et le monde renaît et bruisse de rumeurs
Est ce bien pour cela Jane que nous vivions ?...
Tout le sens de la vie…

Jane c’est à cela que nos unions répondent
Lorsque monte la sève en nous, le chant du monde.