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Roger VIDAL

Le jour où je suis mort

Le jour où je suis mort, le ciel était tout bleu
La rivière chantait, mariait les ruisseaux,
Les montagnes noyaient tout leur or dans tes yeux
Et puis le vent du Sud frissonnait aux roseaux.
Et j’entendais les mots que déjà prononçaient
Tous mes chers bons amis poursuivant leur chemin,
Toutes ces gentilles que j’avais fiancé,
Et qui voulaient toujours savoir les lendemains
Comme si en nos vies, quand on se dit « je t’aime »
On peut toujours prévoir au-delà du jour même.

Le jour où je suis mort, la forêt se taisait
Les cimes bleuissaient au soleil tiédissant
Et sur ma lèvre encor subsistaient tes baisers
Ceux que tu me donnais, aux matins frémissants.
Nul oiseau dans le ciel ne prenait son envol
El la ride du lac s’était figée soudain
Je revivais ma vie d’un rapide survol
N’éprouvant du passé qu’un très profond dédain
Comme si je devais oublier, simplement
Et qu’à partir de là, tout s’ouvrait autrement.

Le jour où je suis mort, la fontaine s’est tue
Les discours ont cessé entre les raisonneurs,
Et toutes les chansons, rengaines, rebattues,
Les musiques aussi, aux chants des moissonneurs,
Puis, tout autour de nous, le silence s’est fait,
Je ne voyais que toi et tes yeux et tes lèvres
J’ai songé à mes nuits, à mes matins défaits
J’en gardais peu de chose, une petite fièvre.
Et on dit que le cœur ne bat plus quand on meurt,
Moi, le mien il battait de bruits et de clameurs.

Le jour où je suis mort, j’ai trouvé ça extra,
Ma tête était remplie de cent mille rumeurs,
Le jour où je suis mort de plaisir, dans tes bras.