J’existe !
J’existe dans ce temps, au futur annoncé,
Plein d’idées à finir, de mots à prononcer,
D’images en mes yeux rêves en mon cerveau,
De concepts désuets que je croyais nouveaux.
J’existe du présent, ou bien je fais semblant,
A l’eau de mes étangs, ou au roseau tremblant,
Aux feux de mes forêts, aux étoiles des nuits,
A la neige éternelle, aux soleils de minuit
J’existe !
J’existe de saveurs, d’odeurs, de souvenirs,
De virtualités, d’un cosmos à venir,
Dans le sein maternel et le goût de son lait,
Dans les femmes toujours, pour me les rappeler.
J’existe dans les yeux de mes amours vendues,
Et toujours recherchant un paradis perdu
Dans celles qui s’offrent et dont je me défends
Comme tous ces cadeaux de mes noëls d’enfant
J’existe !
J’existe en mon ego, aussi droit que je peux,
De vide ou de néant, de rien ou de très peu,
D’une incertitude qui me force à marcher,
De multiples questions m’obligeant à chercher,
J’existe de la terre et des réalités,
Terriblement réel dans l’irréalité,
En promenant l’enfant qu’on priva de dessert
Et qui cherche toujours le puits dans le désert,
J’existe !
J’existe des opiums et des inconsciences,
De toutes les magies, de toutes les sciences,
D’insondables questions, du pourquoi au comment,
De cent religions et d’antiques romans,
J’existe n’ignorant rien de la vanité,
De l’esbroufe et du vent, de l’inutilité,
Avec du bruit autour et de vaines présences,
Et l’envie d’être seul pour vivre les silences,
J’existe !
J’existe de désirs comme d’autres d’envies,
De mes morcellements, de mes bribes de vie,
Des incohérences de mes contradictions,
De problèmes intacts et d’irrésolution,
J’existe de projets et d’insatisfactions
Et de rêves brisés, de lentes inactions,
De pensées multiples et de desseins loupés
Et de prises en mains avec les doigts coupés,
J’existe !
J’existe de tous ceux qui sont ou qui furent,
De souvenirs fanés et de présents qui durent,
De rêves infinis et de séparations,
D’arrachements sans fin, de quelques soustractions,
J’existe d’absolus aux toujours aux jamais
Et pourtant convaincu d’une fin programmée,
Cherchant des certitudes aux bords achevés,
Permanente question : « d’où je viens où je vais »
J’existe !
J’existe pour ce jour et tellement humain,
Je suis le néant d’hier, celui de demain,
Fugace passager et pourtant je persiste
Persiste à exister et crier que j’existe,
J’existe…
