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Roger VIDAL

Jean le loup

Tu dérives sans fin, tu t’en vas loin de moi
Tu t’en vas Jean le loup, tes pas sur le bitume
S’éloignent un peu plus chaque jour, chaque mois,
Tu t’en vas Jean le Loup, égaré dans tes brumes
Pendant que je demeure au bord de ma fenêtre
Te regardant porter ta vie et ton mal d’être.

Tu t’en vas comme ça et je n’y peux plus rien
C’est parfois dans la nuit que m’assaille le doute,
Tu t’en vas emportant tes rêves aériens,
Tes chimères d’hier et tes envies de route,
Ces images couleur d’un songe transplanté,
Tes lumières d’enfant au manège enchanté.

L’étoile s’est éteinte au ciel de saint Martin
Mais tu gardes toujours tout au fond de tes yeux
Le secret de ce temps où chantaient les matins,
L’âge d’or de l’enfance aux souvenirs soyeux,
Les airs d’accordéon, les sunlights de la fête…
Ah les murs des prisons sont parfois dans nos têtes !

Moi je n’ai pu t’offrir qu’un toit et je croyais
Te donner en cela le lien essentiel,
Combien de convictions la vie m’aura broyé
Mais qu’ais-je pu savoir, ton existentiel
M’est demeuré une ombre au milieu du soleil,
Pourquoi donc nos rêves ne sont jamais pareils ?

Ainsi tu veux trancher le fil qui nous relie,
Ton ombre se perdra là ou la nuit prochaine,
Tu n’auras retenu de la table ou du lit
Et de mes mots blessés que le poids de la chaîne.
Tu auras faim ou froid, tant de déséquilibres
Mais tu en garderas l’illusion d’être libre.

Tu tangueras longtemps aux mers de tes mirages,
A tout vouloir défaire et à tout délier,
Tu iras d’illusions aux trompeurs éclairages
Aux chimères pesant bien plus lourd qu’un collier.
A ce mal Jean le Loup, il n’est de guérison
Car c’est bien dans ton cœur que le monde est prison.